À l'heure où l'on a trouvé un nom scientifique et politiquement correct à la démence sénile, la "maladie d'Alzheimer", le cinéma s'autorise enfin à s'emparer du sujet pour en faire le thème principal de plus en plus de films.
Nous avons donc eu pour l'instant :
- la version polar = Cortex (2008) avec André Dussollier, où un policier à la retraite tente de savoir si oui ou non il a été témoin d'un meurtre
- la version grand réalisateur = Amour (2012) de Michael Haneke, qui a raflé de nombreuses récompenses à sa sortie
- la version Oscar de la meilleure actrice = Still Alice (2015) avec Julianne Moore, sur une mère de famille atteinte des premiers symptômes de la maladie
- et bientôt nous aurons même la version Arthur Conan Doyle = Mr. Holmes (2015) avec Ian McKellen dans le rôle du détective à la retraite, qui tente de faire la lumière sur son unique échec en combattant ses trous de mémoire
Je n'ai vu aucun de ces films. D'abord, parce qu'Alzheimer peut être pour moi un sujet assez sensible, et que je suis encore réticent à l'idée de voir ou lire une fiction sur le sujet. Ensuite, parce que la démence sénile, l'incapacité d'accepter le présent et d'y vivre sans se référer au passé, l'impossibilité de communiquer efficacement, je les ai vus dans Les Bronzés 3 : Amis pour la vie.
Résumons plutôt la situation : environ 30 ans après leur séparation, les comédiens de la troupe du Splendid décident de se réunir pour donner une suite et fin à leur célèbre série des Bronzés, qui leur avait valu un immense succès national. Avouons-le: là où d'autres comédies franchouillardes de l'époque ont vieilli, Les Bronzés 1 & 2 restent de très bons moments de divertissement. Pour l'occasion, ils récupèrent même Patrice Leconte, réalisateur des deux premiers opus, et décident de situer l'action 27 ans après les évènements du 2ème pour coller à la réalité.
Alors, qu'est-ce qui ne va pas? Eh bien, pour faire simple, tout. Ce n'est pas juste que ce n'est pas à mourir de rire, ni même que ce n'est pas drôle : le film est simplement triste à pleurer. Je défie n'importe quel fan des 2 premiers opus de regarder ce film sans sentir monter en lui un profond désarroi. En fait, c'est ça : on se sent désolé pour les acteurs, qui s'agitent comme des marionnettes dont les fils seraient coupés les uns après les autres. Ils sont vieux, ils sont laids, ils sont fatigués, et pire que tout, ils ne semblent pas s'en rendre compte. Pour eux, la nostalgie aidant sans doute, rien n'a changé, et c'est donc au spectateur qu'il revient la lourde tâche de faire le constat qui s'impose : les Bronzés sont pis que morts, ils se sont oubliés.