La série Panoramique produite à l’ONF à la fin des années 50 visait à dépeindre la vie des canadiens français depuis les années 30 en abordant différents aspects socioéconomiques. Avec Les brûlés, nous sommes à mi-chemin entre la fiction et le documentaire, davantage dans la démonstration que dans la construction dramatique. Le jeu des comédiens, assez inégal, s’en trouve handicapé. La première information qui nous est livrée et qui domine l’ensemble du film est le caractère inhospitalier des lieux et l’ingratitude de l’État d’avoir fait miroiter de meilleurs jours à des gens déjà affligés. Le royaume promis s’avère davantage un enfer. La scène où debout devant un champ de souches Ernest décrit à sa femme fraîchement débarquée ses plans d’aménagement futurs, illustre bien l’arnaque dont ils ont été victimes. Le suicide de François Latulipe après qu’on lui ait confisqué son lot parce qu’il n’avait pas respecté les délais de construction ajoute à la disgrâce. Mais le film évoque aussi la puissance que peut avoir l’église dans un contexte miséreux alors que son effet rassembleur devient salutaire; n’est-ce pas dans la poursuite d’un idéal commun que l’on trouve la force génératrice, le sens du sacrifice et l’esprit de solidarité. Mais cela n’est pas sans peine. Au fidèle qui lui demande avant son départ s’il recommencerait cette aventure, l’abbé Roche a la franchise de lui répondre : « Je ne le sais pas. »

Elg
7
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le 8 janv. 2018

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