La révolution avait été écrasée. À l'idéalisme de ses chefs traqués par les soldats de Diaz, succéda en maints endroits la violence des hors-la-loi impitoyables.
Mais le fantôme d'Aguila et les souvenirs de la révolution montaient jusqu'aux villes les plus corrompues.



Le cinéaste Robert Parrish signe avec Les Brutes dans la ville (également titré Les aventuriers de l'ouest sauvage), un long-métrage de série B étonnant basé sur la rédemption, déroulant une intrigue entièrement axé sur la performance d’acteurs. Un western qui joue sur la tension et le dramatisme qui règne entre les personnages, ainsi que son contraste. Malgré son scénario ténu mais clairement intelligent, poussant parfois la violence jusqu'à l'excès, il se dégage une grande finesse d'esprit et d'ingéniosité dans le relationnel des protagonistes. Dès la scène d'ouverture, la férocité déployée dans le massacre de l'église s’emploie à produire un contraste subtil de nuances changeantes via la dépression des émotions complexes et secrètes du personnage principal "le prêtre ", dit l'"Irlandais", incarné par le fabuleux Robert Shaw.


Le scénario de Richard Aubrey, présente une intrigue se déroulant en 1905, au Mexique, dans le misérable village surnommé "Bastardo", dans lequel la loi du plus fort prévault, sous la domination du terrible bandit Don Carlos par le génial Telly Savalas, qui s'est autoproclamé maire. L'arrivée de l'énigmatique Alvira à la beauté fatale incarnée par Stella Stevens, accompagnée de son fidèle serviteur "Spectre" (Dudley Sutton) et d'un cercueil vide, viens faire monter d'un cran une tension déjà palpable, en proclamant offrir 20 000 dollars à celui capturant le fameux "Aguila" le révolutionnaire, une légende s'étant autrefois battu pour la liberté du Mexique et qui se cacherait dans le village. Le récit joue habilement avec le mystère "Aguila", très vite on se prend au jeu et on finit par rapidement déduire l'identité de celui-ci. Sauf que le réalisateur a oublié d'être idiot, en retournant ce que l'on pensait être une certitude, pour mieux nous le renvoyer au visage dans un twist final efficace.


La mise en scène de Parrish est fonctionnelle et soignée, accompagnée par l'ingénieuse photographie de Manolo Berenguer, ainsi que l'excellente composition musicale de Waldo De Los Rios qui use de nuance. Les décors statiques (ne favorisant même pas un huis clos) sont heureusement contrastés par l'atmosphère malsaine et pestifère engendrée par la pauvreté et les cadavres, mais aussi par son ambiance poussiéreuse, sèche et brulante sous le soleil écrasant du Mexique. Un cadre où l'espoir n'est jamais permis à travers des personnages endeuillés essayant chacun de tirer au mieux profit de cette haine tragique. Une vision fataliste qui s'installe et ne quitte jamais ce village putride et gangrené par le Diable lui-même. L'immersion est totale et le cinéaste joue de la dimension nocive pour mieux nous surprendre à travers des choix inattendus, notamment autour des personnages, de leurs actes, ainsi que de leurs avenirs.




  • Le Diable veut toujours jouer à être le bon Dieu !

  • Le Diable ? Le Diable a plus de fidèles que le bon Dieu.



Les dialogues sont efficaces. Les différents échanges entre les protagonistes marquent les esprits, notamment grace à la qualité du casting, qui s'imprègne allègrement de chaque mot pour mieux nous les balancer dans une forme souvent iconique et culte. Il y a de bonnes scènes d'action avec des tueries particulièrement violentes et sanglantes, comme l'attaque de l'église, les nombreuses pendaisons, ou encore la confrontation finale avec les nombreuses exécutions belliqueuses qui en découle.


Le film est simple mais son pouvoir réside dans sa star "Robert Shaw", dont les expressions faciales avec son regard perçant en disent long. Robert Shaw livre un excellent travail d’acteur, dans un rôle mystique qui prend tout du long à contre-pied dans une subtile élaboration loin d'être clichée. D'ailleurs, Les Brutes dans la ville interpelle grace à son casting de rêve, avec des comédiens devenant rapidement le principal attrait de ce western avec des performances brulantes. Telly Savalas joue un enfoiré de première mémorable, en tant qu'antagoniste prêt à tout pour retrouver le fameux Aguila. Les moments où celui-ci apparaît sont indélébiles, il captive totalement l'attention. Les deux hommes de main qui l'accompagnent Calebra (Aldo Sambrell) et La Bomba (Al Lettieri) sont également très bon, de véritables pourritures.


Stella Stevens en tant qu'Ange de la mort accompagnée de son croque-mort Spectre, amène une figure occulte de faucheuse veuve et endeuillée, totalement bluffante. L'acte final la mettant devant le fameux Aguila est des plus mémorables. Une séquence sublimement mise en scène, avec des plans symboliques efficaces, la faisant passer pour une divinité biblique. Martin Landau sous les traits de Benito ancien frère d'armes de l'Irlandais devenu un colonel sans pitié est tout bonnement extraordinaire. La relation frère d'armes/dualité qu'entretiennent Benito et l'Irlandais est remarquable et d'une subtile complexité. La narration qui entoure ceux-ci est un sans-faute. Un duo magistral qui passionne jusqu'à l'excellente résultante finale, qui ne laissera personne insensible.


CONCLUSION :


Les Brutes dans la ville est un western d'une intelligence étonnante présentant un récit intimiste avant tout centré sur les personnages dans un contraste particulièrement glauque, violent et sanglant, où l'espoir n'est jamais permis. Techniquement efficace, bien que limité par son budget, l'atmosphère endémique sous tension du village est superbement mis en scène. L'ensemble des comédiens sont excellents, chacun brillant à travers des rôles marquants superbement dépeints via l'intelligente réalisation de Robert Parrish.


Un grand western de série B !




  • Tu as raison, nous avons vieilli. L'homme seul ne peut être que malheureux l'Irlandais. Faut être deux pour le bonheur. Si nous gagnons, tu pourras peut-être mettre mon uniforme.

  • Et si nous nous gagnons, tu pourras peut-être mettre ma robe.

  • Je me demande ce qui se passe dehors.

  • Pourquoi ne vas-tu pas y voir ?
    ...

  • Hé hé... Oh non je... à tout prendre je préfère resté ici, il fait frais. Eh, allons nous être punis pour nos péchés .

  • Par nos péchés.

  • Il faut peut-être se repentir ?

  • Il paraît qu'il est plus facile de se repentir des péchés qu'on a déjà commis, que de ceux qu'on a l'intention de commettre.

  • Si je gagne, j'ai l'intention d'en commettre un grand nombre.

  • Je sais.

  • C'est fini. Tu veux parier ?

  • Sur quoi ?

  • Sur nos âmes.


B_Jérémy
8
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le 14 déc. 2020

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