l'Italie du début du XXe siècle est encore une jeune nation, qui cherche tant bien que mal à rattraper son retard industriel sur les autres pays d'Europe. C'est dans ce contexte que se déroule Les Camarades de Mario Monicelli. Paru en 1963, ce film s'inscrit dans la tradition cinématographique de la gauche révolutionnaire italienne d'après guerre. On y dépeint l'histoire d'une des premières grève en 1905 dans une usine textile de Turin. Après un tableau de la vie de l'Usine, ses machines aux engrenages massifs, son vacarme et ses cadences incessantes avec 14h de travail par jour, qui inexorablement broient les hommes et les femmes qui y gagnent leur vie à la sueur de leur front. C'est un accident du travail qui déclenche la colère des travailleurs et travailleuses et leur grève pour la dignité de leur existence. C'est au rythme des chants, des contradictions que pose la tenue d'un mouvement sur la durée, que l'on suit alors le long combat de ces ouvriers. À une misère sale, écrasante et massive représentée par des ouvriers systématiquement en groupe, Monicelli y oppose une opulence rare dans les mains d'une bourgeoisie filmée en petit nombre. Des plans fixes pour une classe dominante conservatrice, contrasté par des mouvements de caméra pour filmer les ouvriers, classe du changement et de l'immuable marche des masses vers le progrès social. A ces modestes gens s'adjoint un professeur venu de Gênes, emprunt des idées révolutionnaires de son temps, désigné comme conseiller du comité de grève, symbole de la nécessaire mise au service des masse des intellectuels. Le film fait par ailleurs la part belle aux femmes qui en plus de se battre en tant qu'ouvrières, doivent s'imposer au sein même de leur mouvement pour l'égalité avec leurs pairs masculins. La lutte contre les jaunes, les négociations avec les patrons, les espoirs les déceptions et les peurs; c'est dans une époque où la lutte douloureuse dans l'espoir d'un avenir meilleur mobilisait ceux qui n'ont toujours eu que leurs bras et leur cœur pour exister en ce monde où semble la plus part du temps prédominer la loi du plus fort; brisée seulement en quelques moments forts d'unité dans l'adversité.
Je n'en dirai pas plus et vous convie à le découvrir par vous même.