Énorme succès en son temps, Les Canons de Navarone respecte les conventions en vigueur [dans le cinéma de guerre] en discutant vaguement les lignes. Ce film de commando typique est tiré d'un roman de l'écossais Alistair MacLean, corrigé par le scénariste Carl Foreman, un des black-listés du maccarthysme. Malgré le laïus explicatif d'ouverture donnant l'illusion du sérieux historique, Navarone n'est pas réelle, mais semble faire référence à la bataille de Leros (1943). La mission implique le petit peuple grec (mais seule Maria Pappadimos/Irène Papas aura une présence significative), dont les autorités sont remerciées au début du film avant d'envoyer le générique.
Blockbuster de 1961, 'all-star movie' et taillé pour les Oscars, Les Canons de Navarone est un produit carré et efficace, un film d'aventures affable et en couleurs toujours très prudent. Il donne une impression de massivité par ses décors et ses postures, déballe ses moyens avec une force tranquille, refusant le clinquant. Le déroulé est assez penaud et la longueur en rajoute : 2h30 aux abords de la léthargie magnifiée. Au départ ces Canons ont plus de substance que les équivalents contemporains comme ceux de Sturges (La Grande Évasion, Les Sept mercenaires, etc), mais cette vertu s'oublie rapidement, au profit des nécessités et des manèges caricaturaux (les nazis-démons version demi-molle).
La première heure donne une impression de relative maturité, la suite fait montre d'une science du récit compromise par le manque de passion de la mise en scène et de l'écrit. Gregory Peck incarne quelques élans pacifistes de blasés de la guerre et des agitations humaines, puis se fond dans le décors et le devoir comme il le doit (par sa fonction) et comme il se doit (dans un tel film – Docteur Folamour est le comble de la subversion et une anomalie à cette époque). Cela donne par endroits un côté Costa-Gavras vidé et 'divertissant' au film. Guy Hamilton (Meurtre au soleil et 4 James Bond) sera en charge d'une suite tardive (L'ouragan vient de Navarone - 1978) largement oubliée mais un peu fétichisée.
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