Un an après "Le Privé" de Robert Atman, Elliott Gould ramène sa classe typiquement 70s du côté de Peter Hyams pour son premier film, un polar à la croisée de plusieurs genres en immersion dans une brigade des mœurs. À la fois matrice du buddy movie, comédie policière et chronique du quotidien pour ces deux détectives qui parcourent les bas-fonds de Los Angeles, "Les Casseurs de gang" semble bien mieux défini par son titre original, tant le duo passera son temps à tenter d'arrêter truands et proxénètes, envers et contre tout.
Il flotte sur l'ensemble du film un léger parfum anar, tendance libertaire, qui émane principalement du gros bordel faisant office d'activité professionnelle : rien ne sera jamais vraiment clair dans les objectifs des deux flics, qui les fixe et dans quels buts, comme s'ils se retrouvaient coincés entre les maquereaux d'un côté et leur hiérarchie corrompue de l'autre. Sale boulot que celui d'Elliott Gould (inspecteur Michael Keneely) et Robert Blake (inspecteur Patrick Farrel), dans un monde franchement peu accueillant. Peter Hyams les met en scène dans un quotidien du vice, que ce soit les petites frappes qui n'hésitent pas à les canarder ou les gros bonnets qui ont les moyens de faire pression par d'autres voies.
Un film d'ambiance, petite sucrerie directement en prise avec les années 1970, à travers les pérégrinations mi-comiques mi-tragiques des deux flics têtus et obstinés, lancés dans leurs investigations en dehors des sentiers balisés. Le fond de sauce est très noir, avec une corruption endémique qui ne sera jamais montrée de manière ostensible (en ce sens, on est loin du film à message), mais qui gangrène très clairement le milieu. Quelques éclats de violence sèche, beaucoup de dialogues axés sur de l'humour buddy movie ("The Lord's gonna smoke his ass!" et compagnie), quelques têtes bien marquantes (le visage incomparable de Antonio Fargas par exemple), et une certaine décontraction elle aussi très caractéristique de son époque, saupoudrée de mélancolie.