Revu pour la énième fois (mais le dernier visionnage remontait à un certain temps).
Ce film sort près de dix ans après le triptyque de John Ford sur la cavalerie. Les Cavaliers s'en distingue avec une tournure plus spectaculaire, les moyens et progrès techniques aidant certainement.
Le magnifique générique - qui est une mise en scène en soit - nous met tout de suite dans l'ambiance et confirme la promesse du titre, avec en prime une très belle musique.
Les décors et la photographie sont très soignés et étudiés. À titre d'exemple, la réunion d'état major du début près de l'arbre centenaire offre un cadre remarquable et ce n'est pas anodin. Cela se multiplie tout le long du film, comme avec la scène près de la rivière. Bref, esthétiquement, le film est magnifique et rappelle l'art pictural.
Le duo Holden-Wayne fonctionne bien, tout comme l'ambivalence de leur deux personnages. On a donc la rivalité entre le médecin humaniste et l'officier acharné, qui sont pourtant dans la même camp. L'opposition ne s’arrête pas là, puisque le colonel Marlowe est de basse extraction et issu du rang, tandis que Kendall évoque son passage à West Point. Le premier semble de prime abord plus brutal et terre à terre. On comprendra ensuite l'origine de sa méfiance vis-à-vis du corps médical que représente Kendall, et peut-être par extension des érudits et des élites. John Ford, comme à l'accoutumé, ne verse pas dans le manichéisme car, même si Marlowe peut sembler antipathique, il doit sans cesse prendre des décisions qui mettent en jeu des vies humaines, alors que le rôle du médecin est défini et sans ambiguïté. En effet, il soigne tout le monde sans se poser de question.
Marlowe quant à lui, construisait donc des voies ferrées avant la guerre, et désormais il les détruit (pour perturber la logistique Confédérée). On ressent bien cette régression chez son personnage.
À côté de ce duo, un très beau rôle féminin est interprété Constance Towers. Son personnage représente le sud, dont l'armée commence à être en déroute au moment du film. Bien qu'elle soit accompagnée de sa domestique (symbolisant l'esclavagisme), un attachement quasiment fraternel évident les anime (elles ont probablement grandi ensemble).
Au final, c'est donc un western très riche, dont les ingrédients sont assez inhabituels.
Le film est beau dans la forme avec des personnages intéressants, sans que Ford ne se départisse de son humour par moment.