Cendres est célèbre pour être la seule participation cinématographique de la grande comédienne Eleonora Duse qui s'était retirée des planches presque 10 ans plus tôt, vivant assez mal de se voir vieillir. Febo Mari a réussir à la convaincre de passer devant la caméra en lui prouvant l'apport que pouvait créer l'éclairage et en lui demandant de co-écrire le scénario. De plus, ce dernier, également acteur, jouera son fils à l'écran.
Il en résulte un film assez détonnant quand on le compare à ses homologues qui privilégie la multiplication de péripéties et de personnages. Dans Cendres, la narration est incroyablement épurée et se recentre essentiellement sur deux personnages, leurs états d'âmes au gré d'une poignée de séquences assez longues se déroulant en grande partie dans une petite mansarde aux murs dépouillés. Ça pourrait austère, froid et ça ne l'est jamais grâce à la qualité de son interprétation dans la retenue avec beaucoup de douleurs intériorisées, une atmosphère feutrée et pudique, et peu de gros plans (sans doute pour rassurer sa comédienne qui a également exigée une photo assez sombre pour masquer ses rides)
Cependant, ce scénario est tellement réduit à ses deux comédiens principaux que le contexte extérieur est trop rapidement expédié pour qu'on partage les tourments du duo. Mais le talent des comédiens et la qualité de la mise en scène en font un très beau film, poignant et noble tant dans son exécutions que dans ses ambitions.