Un film de fan de cinéma qui mobilise des thèmes et de l'esthétique sans avoir grand-chose de subversif à dire dessus mais qui se croit quand même original.
Sur le sujet des femmes attirées par les hommes mauvais on reste sur une vision très immature, à l'instar de "La Nuit du 12", qui ne veut pas voir les choses en face. Le personnage de la groupie ne dit rien à ce sujet puisqu'elle croit l'accusé innocent, elle ne parle pas de ce dont on espérerait que ce film parle, c'est-à-dire du regard d'une femme qui aime un tueur, qui est attachée, fascinée par un tueur, ou qui a au moins un rapport grave avec un tueur. C'est même l'inverse, elle l'aime parce qu'elle le croit gentil.
Lorsque la culpabilité du tueur est révélée elle se confond d'ailleurs en regrets. Superficiellement, on nous dit qu'au fond elle tente de le faire sortir de sa tête, mais on peut aussi bien voir ça comme un phénomène d'inertie qui ne raconte toujours rien.
Tout cela est décevant, même si on pouvait s'y attendre, Pascal Plante manque de courage.
On aime ce film pour ce qu'il n'est pas, j'en suis déçu pour ce qu'il est.
Le personnage principal ne signifie pas grand chose non plus puisqu'on reste très flou sur ses intentions et sur ce qu'elle pense. Je ne suis même pas sûr que Pascal Plante le sache lui-même. Puisque ses intentions sont parfaitement mystérieuses on lui autorise tous les comportements sans abîmer la cohérence, par contre la vraisemblance en prend un coup sérieux. On a du mal à concilier la façon dont elle se comporte dans les trois portions du film (procès - amitié avec la groupie - final où ça part en délire). Et en fait Pascalou n'a pas l'air intéressé par la question de la vraisemblance plutôt que de faire un film "exercice de style" en prenant un sujet assez grave qu'il aurait somme toute pu laisser à quelqu'un d'autre.
Reste une esthétique soignée, un ensemble cohérent, on ne s'ennuie pas et quelques scènes sont très intenses. On peut se questionner sur la notion de voyeurisme et si nous en tant que spectateur on est dans une position de voyeurisme. Oui mais c'est Pascal Plante qui veut nous faire jouir, qui nous propose cette jouissance, plutôt que de nous montrer la vérité et de nous respecter. Le cerveau est allumé pendant le film, et j'ai passé un plutôt bon moment, mais je n'ai pas de sympathie pour celui qui a écrit ce scénario semble-t-il avec tant de légèreté et de joie enfantine et cruelle. Tout est considéré sous sa valeur esthétique dans un regard très postmoderne.