Chansons à voir !
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le 12 sept. 2015
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Chloé Zhao s'attache par la quête d'identité de porter l'enjeu sur une communauté toute entière, d'autant qu'il s'agit de confronter encore une fois, l'Amérique à sa propre histoire. L'appartenance à une société traditionnelle face à la mondialisation, pointant la spoliation des terres des amérindiens et le consumérisme qui ne leur aura apporté que la négation d'eux-mêmes. Empêtrée dans un quotidien morne et désolé où l'alcool et les drogues font des ravages, ce portrait, sincère, prend à l'instar de the rider, le thème de l'attachement à la terre, du lien indissociable de l'homme avec la nature et d'un environnement vierge à protéger même si celui-ci signifie la misère et la pauvreté.
La beauté sauvage des lieux, les arrêts sur image, les déambulations tant physique que mentale, la cinéaste et son regard se confirmeront avec the rider et son savoir-faire qui laisse le temps aux prises de nous imprégner, quitte à jouer de la répétition pour étirer le temps et souligner l'ennui d'une jeunesse enfermée à ciel ouvert. Sobre et pudique, lorgnant sur le documentaire, viennent se greffer à l'économie de dialogues et aux plans plus intimistes des personnages, les plaines et paysages érodés des décors naturels et grandioses des Badlands. Les bruissements d'herbes au vent, la sécheresse de l'environnement montagneux et les jeux de couleurs pour une signature plutôt contemplative, invoquant la nature, pour pointer la condition de l'homme.
Un léger bémol sur quelques effets esthétiques et un défaut de rythme, qui seront corrigés avec the rider, peut-être plus abouti mais qui aura ses défauts.
Ici encore les chevaux ne sont que miroir de liberté et de libre arbitre fantasmés et seule l'introduction les évoquera. Les plans, magnifiques, de ces chevaux, leur fougue, leurs regards, et leurs rebellions dansées, ne restaient, dans the rider que dans la domination de l'homme sur l'animal et où le maladroit atteignait sa limite dans la scène du sacrifice d'Apollo. Une dramatisation peut-être excessive, à l'inverse, les chansons que mes frères m'ont apprises, est d'autant plus percutant par sa sobriété.
Là où l'intrigue se concentrait sur Brady, et de sa douleur taiseuse à ne plus pouvoir espérer vivre de sa passion, Chloé Zhao évoque encore la jeunesse et la relation fraternelle. Celle de Johny et de sa jeune sœur Jashaun. Tiraillé entre son désir de fuir, attiré par la ville et freiné par son attachement familial, toute la difficulté sera de grandir et d'accepter sa destinée, l'hypothétique décision, face à la fatalité. La force du lien est à chaque plan, chaque regard ou geste, et permet de tenir face à un père absent, une mère démissionnaire et un environnement de violence et génère des séquences d'émotion tout autant taiseuses. Jashaun, ancrée dans les traditions qu'elle a définitivement choisies, révèle toute la joie de son jeune âge lors d'une danse traditionnelle, faisant honneur à la lutte de ses ancêtres et à la mémoire de ceux qui sont tombés à wounded knee. La musique alterne judicieusement les musiques rock ou traditionnelles pour marquer les différences mais aussi pour conjuguer le passé avec l'à-venir.
Si le contemplatif gagne sur la narration et suit plus particulièrement Johnny, la caméra reste prompte à relever le désespoir. De ceux qui auront choisi la foi, aux autres, la violence des gangs, Chloé Zhao ose parfois un optimisme timide grâce à des situations plus décalées pour des affinités improbables. La solidarité des uns envers les autres, où tous sont parents, leur permettra de lutter contre l'adversité, de se raccrocher à l'espoir d'une vie meilleure.
Une réussite de délicatesse et de bienveillance, et un hommage à la volonté, au courage et à la reconstruction.
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Créée
le 1 sept. 2018
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