Chansons à voir !
Chloé Zhao. Retenez bien ce nom, c’est celui d’une jeune réalisatrice chinoise qui fera parler d’elle à coup sur dans les années à venir. Son premier film, « Les chansons que mes frères m’ont...
le 12 sept. 2015
21 j'aime
3
Chloé Zhao. Retenez bien ce nom, c’est celui d’une jeune réalisatrice chinoise qui fera parler d’elle à coup sur dans les années à venir. Son premier film, « Les chansons que mes frères m’ont apprises » est un récit d’immersion comme on les aime, où sujet et maîtrise technique sont en symbiose.
Au cinéma, la vie dans les réserves indiennes ne semble pas être un sujet porteur, on se souvient vaguement de « Cœur de tonnerre » en 1992, le reste tient plus à des documentaires. C’est sans doute l’aspect enfermement d’une communauté au sein d’un territoire clos qui a du séduire Chloé Zhao. Il ne faut pas y voir de parabole avec son pays d’origine, la Chine, plus simplement une fascination, voire une réflexion ethnologique plus générale sur la peur de l’ailleurs, faisant foi de l’adage « on sait ce que l’on perd, on ignore ce que l’on gagnera »
Sur cette base se construit le scénario, dont l’apparente simplicité n’a d’égal que son efficacité. Le personnage clé est Jashaun, une jeune amérindienne fascinée par son frère Johnny qui rayonne (trafic, force et beauté) sur la communauté. Mais celui-ci trouvant l’endroit trop étriqué à des envies d’ailleurs, LA, une vraie ville, la vraie vie.
Et ce sont toutes les raisons poussant John à la fuite qui apparaissent dans le film sous l’œil impartial de Jashaun. La précarité, l’alcoolisme, l’enfermement, le communautarisme… L’approche psychologique des deux personnages principaux joue habilement sur leur antinomique avenir, lui ne trouvant le salut que dans la fuite, elle, assurant la relève, s’appuyant tant sur la tradition de son peuple que de son envie de le voir évoluer.
C’est finement amené, et magnifiquement interprété. Les prises de vue sont superbes entre divins crépuscules des cieux et gros plans altruistes. L’approche de la vie à la réserve est loin d’une vision touristique ou idéalisée. Zhao (qui a vécu 4 années dans une réserve indienne) filme la fiction au cœur d’une sévère réalité, loin de toute compassion sordide, moins encore de jugement.
« Les chansons que mes frères m’ont apprises » est un film nécessaire et adorable.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2015 et SOUVENIRS CANNES 2015
Créée
le 12 sept. 2015
Critique lue 795 fois
21 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur Les Chansons que mes frères m'ont apprises
Chloé Zhao. Retenez bien ce nom, c’est celui d’une jeune réalisatrice chinoise qui fera parler d’elle à coup sur dans les années à venir. Son premier film, « Les chansons que mes frères m’ont...
le 12 sept. 2015
21 j'aime
3
Chloé Zhao s'attache par la quête d'identité de porter l'enjeu sur une communauté toute entière, d'autant qu'il s'agit de confronter encore une fois, l'Amérique à sa propre histoire. L'appartenance...
Par
le 1 sept. 2018
15 j'aime
4
A l’image de son affiche américaine, Les chansons que mes frères m’ont apprises est tiraillé entre l’immobilisme et l’éparpillement, tout en nous montrant à quel point des deux états sont loin d’être...
Par
le 11 sept. 2015
8 j'aime
Du même critique
Ce n'est pas sans un certain plaisir que l'on retrouve le juge d'instruction Anne Gruwez qui a déjà fait l'objet d'un reportage pour l'émission Strip-tease en 2011. Sept ans après, ce juge totalement...
le 12 févr. 2018
59 j'aime
7
Qu’il est difficile d’appréhender un avis sur une œuvre dont la fiction se mêle aux souvenirs de mon propre vécu, où une situation, quelques mots ou bien encore des personnages semblent tout droit...
le 24 août 2017
56 j'aime
10
Indiscutablement « Tale of tales » sera le film le plus controversé de l’année 2015, accueil mitigé a Cannes, critique divisée et premiers ressentis de spectateurs contrastés. Me moquant éperdument...
le 3 juil. 2015
48 j'aime
11