Wow un film sur le sport ! Sur le sprint même ! Sur les Jeux Olympiques de Paris de 1924 (qu'il semble bon ton de regarder à quelques jours des JO de Paris de 2024) ! Qui s'appelle "Les Chariots de feu" ! Qui a eu le putain d'Oscar du meilleur film ! Une trajectoire croisée de deux formidables athlètes jusqu'à leur triomphe ! Ca doit être hyper énergique et enthousiasmant non ?
Bah non, c'est naze. Il y a un décalage énorme entre le sujet, le sprint, et le traitement, plus lent qu'un octogénaire sur un marathon. La première heure est consacrée à la montée en puissance et à l'entraînement des deux athlètes britanniques rivaux : on se fait chier. La deuxième heure porte sur les JO en tant que tels, promis comme un paroxysme de l'intrigue : on se fait encore plus chier. Pour un film sur la vitesse, manquer de rythme c'est quand même un comble.
Au-delà de ça, le message de fond est vraiment pitoyable. On fait comprendre que le premier athlète, étudiant juif de la grande bourgeoisie, court par revanche sociale. Le gars a sans doute oublié qu'il venait d'une famille richissime, étudiant dans la plus prestigieuse université du pays, un charisme inégalable, une magnifique copine à ses bras, des amis à la pelle, beau comme un dieu grec, j'en passe et des meilleures. Comme gros problème de riche, on a vu pire. Et surprise, c'est pourtant le plus touchant des deux. Car le second n'est rien d'autre qu'un intégriste chrétien, extrémiste au possible, de la graine de fasciste qui court parce que Dieu veut qu'il coure (mais attention, pas le dimanche hein, c'est le jour du poulet rôti). Et puis même, quelle vision naïve du sport. Les scènes sont hyper aseptisées, ça ne dit absolument rien des sacrifices, des efforts, des vices, des doutes, bref, de tout ce qui fait un athlète. Non non, on a juste une ribambelle de jeunes hommes riches et bien foutus, qui courent parce que pourquoi pas, un talent inné, ils transpirent même pas, on dirait le vainqueur du Tour de France au sommet du Tourmalet après l'avoir gravi à 40 à l'heure.
Je résume : une histoire naze, un traitement encore plus horrible, une vision du monde à gerber. Alors pourquoi quand même 3 ? Pour la musique, très réussie et qui est devenue super connue. Comme quoi, même dans les plus grosses bouses on peut trouver des perles.