Film de genre, donc. Réalisé par Irving Pichel, sombre inconnu, quelque chose comme le père spirituel de Roger Corman. Bon. Alors ça commence par un naufrage entre deux faux-raccords et un unique survivant se retrouve sur une île avec un château hanté, un comte sadique à l'accent exotique et une femme de rêve aux yeux de biches. Pour ceux qui y croient encore, Pichel montre rapidement qu'il se confrefout de son scénario : ce qu'il veut c'est une p**** de chasse à l'homme ! Du coup on a l'antithèse d'un film Langien (qui travaillerait de façon à ce que chaque scène appelle la suivante, inévitablement). Donc, passons sur quelques clichés et une (double) discussion au coin du feu sur le thème barbarie-civilisation (c'est l'alibi pseudo-intellectuel du film m'enfin c'est plus du Christophe Lambert que du Levi-Strauss) pour nous plonger dans cette jolie course-poursuite que rien ne vient jamais tout à fait justifier. Voilà que le film d'"horreur" si on peut appeler ça comme ça se transforme en film d'action plutôt haletant mais réalisé sans grande conviction. On notera toutefois quelques trouvailles visuelles (un travelling dans la jungle, le plan final...) qui viennent réhausser un ensemble assez confus. On flirte souvent avec la bisserie mais c'est mené tambour battant et, bon, en 1934 après tout, avec Mc Crea en ancêtre d'Indiana Jones, bref... La fin est abracadabrantesque mais encore une fois, pour quelques plans comme le champ-contrechamp sur le comte Zaroff s'emparant enfin de machine, on sent que Selznick a dû serrer un peu les boulons par ci par là pour que l'ensemble tienne la route. Peu pour faire un film mémorable mais assez pour nous tenir 63 minutes (relativement) attentifs. Pour la scène de chasse la plus culte de l'histoire du cinéma, en revanche, il faudra encore attendre quelques années...