Aujourd’hui, je parle du tout premier survival-horror de l’histoire du cinéma, avec une partie de l’équipe de King Kong (acteurs, cinéastes et compositeur) et tourné dans les mêmes décors sauvages, de nuit.
Le scénario du film est très bon, un jeune chasseur va se faire chasser sur une île paradisiaque par un comte raffiné et sadique. Il devra survivre jusqu’à l’aube en compagnie d’une jeune femme. Le rythme est un peu lent au début, pour installer les personnages, leur personnalité et l’intrigue, mais le mystère (une salle des trophées, interdite aux naufragés) va attiser notre curiosité et crée un malaise. Puis Zaroff part en chasse avec ses chiens. Un excellent script bourré de suspense et de rebondissements. Les thématiques sont la bestialité, la folie et l’exotisme qui peut prendre une forme très désagréable.
Le Comte Zaroff est russe, il a été exilé de son pays et a apporté sa fortune sur une île. Il est un chasseur expérimenté, après avoir fait le tour des gibiers à chasser, il en trouve un nouveau : l’homme. Le Comte chasse pour obtenir un sentiment égale à l’orgasme. Ouais, ce gars est un vrai sadique. Zaroff est accompagné de plusieurs assistants dont un certain Ivan. Leslie Banks est habité par son rôle et signe une excellente performance : regard perçant, menaçant et étrange, et un tique : il touche sa cicatrice.
Robert « Bob » Rainsford, un jeune chasseur, fait la connaissance du comte après un naufrage, on l’accueille amicalement mais très vite le comte et son foyer (un château) dégage un mystère très étrange, que Bob va découvrir… Pris en chasse, il va tout faire pour survivre. Joel McCrea joue bien.
Eve Trowbridge est hébergé chez le comte avec son frère depuis longtemps, quand ils sont arrivés, des gens, avaient déjà mystérieusement disparu… Eve va découvrir la vérité et être pris en chasse avec Bob. Fay Wray (la fameuse Anne Darrow de King Kong) incarne naturellement, un personnage assez classique de demoiselle fragile qui doit être aidé et sauver par un homme, mais parfois elle a de bonnes déductions. On peut également entendre son cri strident, passé à la postérité grâce à King Kong.
Martin Trowbridge est un homme idiot et influençable, le comte va lui réserver un traitement terrifiant : la mort… Robert Armstrong (le Carl Denham de King Kong) est crédible et naturelle.
La co-réalisation d’Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel est très bonne et se permet un plan audacieux pour l’époque : un travelling arrière, quand Zaroff parcours la jungle à la recherche de ses proies, la caméra est centrée sur ses mouvements et son regard diabolique. Quelques gros plans ou plans larges sont également utilisés.
Les décors sont impressionnants et dégagent une atmosphère étrange et anxiogène : le château de Zaroff ou la salle des trophées. Les costumes représentent la personnalité des personnages et leur statut : fragile pour Eve, raffiné pour Zaroff et prudent pour Bob.
Les effets spéciaux quand eux sont assez limités, à part le contenue de la salle des trophées + quelques effets durant la chasse. Ils sont dans l’ensemble de bonnes factures.
Comme chaque film des années 30 (avant King Kong), la musique contient une seule piste, le thème principal joué par Max Steiner, sous différentes variantes : lente ou rapide. Ce thème principal renforce l’étrangeté des lieux, et la présence et la personnalité de Zaroff.
Je vous recommande ce chef-d’oeuvre !