Les chasseurs de Scalp, en plus de jouir du coup d'oeil assuré et du sens de la mise en scène de Sydney Pollack, trouve une plus-value indéniable dans son casting. Le duo Burt Lancaster - Ossie Davis fonctionne à plein tube — même si les deux persos sont clichés, ça sert l'histoire, et l'aspect comique du film —. Et les vilains sont dirigés par un couple bien pittoresque : l'alliance du tarin relevé de Shelley Winters et du crâne brillant surplombant les rétines fourbes de Telly Savalas — dont on ne se rappelle jamais le nom mais alors sa trogne est inoubliable— propulse la séance sur les terres de la farce presque burlesque sans que le sérieux de l'histoire en prenne un coup.
Parce que sérieux, le film l'est. A la fois dans sa mise en scène — on est loin de Benny Hill, quand Pollack s'autorise des ellipses comiques, comme le coup de l'oeil au beurre noir de Shelley, c'est peut-être pas subtil mais c'est pas grossier et surtout ça fonctionne du tonnerre... on se marre — mais aussi dans sa tonalité dominante : les inserts comiques ne prennent pas le pas sur une histoire mine de rien assez trash... chacun veut sauver sa peau dans un contexte où une vie humaine n'a que très peu de valeur.
Certes le message de dénonciation du racisme est un peu balourd, mais toujours nécessaire, donc ça ne me dérange pas — même quand ça finit en bain de boue pour bien asseoir le propos — et puis le dosage violence sourde / comédie bon enfant est maîtrisé, ce qui donne une séance divertissante mais jamais familiale : quand les scalps se détachent des crânes, ça fait mal, on n'est pas chez les bisounours.
Une récréation réussie en somme, qui sans être innovante ou jamais vue ailleurs, réussit le pari d'allier la décontraction d'un buddy movie comique au fatalisme glauque du western sauvage, ce qui n'était pas gagné d'avance.
Personnellement, je me suis bien éclaté :)