"Meurs pourriture communiste !" - Simon Jérémi
National Geographic présente : Un film tiré de l'histoire à peu près vraie de 6 prisonniers politiques évadés d'un Goulag en Sibérie qui marchent dans la forêt Sibérienne, marchent dans les montagnes, mangent de la viande crue, longent des lacs, se font attaquer par des moustiques, mangent du poisson, traversent le désert de Gobi, mangent des serpents, arrivent au Tibet, boivent du thé, remarchent dans les montagnes, traversent des champs, enterrent les copains et finissent par arriver en Inde pour devenir des hommes libres. Voilà.
Je ne vais pas cacher ma déception plus longtemps : The Way Back de Peter Weir est d'une banalité et d'un ennui incroyablement mortel. Si le film commence pourtant sous les meilleurs auspices en introduisant le personnage de Janusz avec toute l'empathie qui lui est due (la scène d'interrogatoire) ou en retranscrivant à merveille l'enfer que représentent les Goulags (les camps, les mines), l'aventure devient très vite inintéressante malgré la beauté des paysages traversés et le jeu impeccable des acteurs (Ed Harris est superbe ... as usual).
Parce que Peter Weir préfère le mystère de ses personnages à leurs caractérisation, il en oublie malheureusement de les rendre attachants et par là même d'impliquer émotionnellement le spectateur dans son aventure. Parce que Peter Weir filme les décors de son épopée comme un documentaire du National Geographic, The Way Back devient un étalage de posters muraux pour réfectoires d'entreprise, un best of des émissions de Yann Arthus Bertrand sans voix off démoralisante. Parce que Peter Weir choisit la sobriété dans sa mise en scène et un score musical incroyablement transparent (quand il n'est pas simplement mauvais), Ses chemins de la liberté sont totalement dénués du souffle épique que requiert une telle aventure. Parce que 6400 Kms c'est long (et que 2h14 aussi), Peter Weir taille dans le gras de son récit et multiplie à foison les ellipses sans aucun respect du rythme narratif de son film. Et enfin, parce que Peter Weir s'accroche à la réalité historique, il ne peut s'empêcher d'achever Les Chemins de la liberté par une séquence aussi laide que ridicule (même les docus de la chaîne Histoires n'ont pas osé).
Pour toutes ces raisons, le dernier film de Peter Weir n'est qu'une déception qui pousse inexorablement le spectateur dans d'autres chemin de liberté, ceux qui le conduiront vers la sortie de la salle de cinéma.