Après le troublant Elève libre et le terrible A perdre la raison, j'attendais avec une certaine fébrilité ce nouveau film du belge Joachim Lafosse. Il s'inspire ici de l'histoire vraie de l'Arche de Zoé, ONG française qui a défrayé la chronique en 2007 pour avoir voulu sortir illégalement du Tchad des sois-disants orphelins pour les faire adopter en France. Il dit s'être juste inspiré sans vouloir retranscrire « la vérité » des médias ou de la justice. Il n'a pas rencontré les protagonistes. Même si l'on connait déjà le dénouement, j’ai trouvé l'ensemble assez passionnant. La mise en scène est sèche et tendue. Le scénario est minutieux, bien écrit, les personnages bien trempés. Il charge les français, même si cela part d'une bonne intention, et va plutôt dans le sens des africains. L'ensemble reste très manichéen mais personne n'en sort vraiment grandi pour autant. Les relations entre la France et l'Afrique seront toujours particulières et ambiguës. Le casting est particulièrement attrayant. J'ai trouvé Vincent Lindon et Louise Bourgoin très justes et très convaincants. Reda Kateb, Valérie Donzelli et Yannick Rénier les épaulent avec talent. Je n'avais pas eu que des bons échos, mais au final ces Chevaliers blancs sont donc une bonne surprise : c'est bien mis en scène, bien écrit, bien joué, bien filmé. Un film sans chichi, brut, tendu, prenant, limite fascinant. Une nouvelle réussite pour Joachim Lafosse.