Film librement inspiré de l'affaire de "l'Arche de Zoe", qui dépeint les tribulations d'un groupe d'humanitaires français en Afrique subsaharienne. Ceux-ci opèrent - tout comme dans la réalité - à la marge des réglementations et législations en vigueur, leur objectif étant de ramener 300 orphelins de moins de cinq ans, afin qu'ils puissent être adoptés par des couples français, ces derniers ayant chacun versé 2.200 €, afin de financer l'expédition.
Le film est très intelligent dans son propos, en cela qu'il nous montre un groupe de personnes (les humanitaires) dont les motivations procèdent d'un registre totalement émotionnel, mais qui n'ont à côté de cela aucune réflexion politique. Cela illustrant d'ailleurs parfaitement notre époque, et la manière dont les médias dominants nous la reflètent. Du coup, du moins pour ceux qui s'acharnent à poursuivre après les premières difficultés, ils ne comprennent rien à rien, notamment à leurs interlocuteurs africains, et sont - tout au long de leur expédition - totalement à côté de la plaque, au point que cela en est pathétique ! Cela donne quelques scènes particulièrement réussies, notamment lorsqu'un officier anglais leur passe un savon après qu'ils se soient aventurés dans une zone dangereuse.
Film solide donc, porté par un scénario bien ficelé et des acteurs qui jouent juste. L'immense Vincent Lindon est parfait en chef d'expédition stressé, mais déterminé à avancer coûte que coûte. Louise Bourgoin, qui incarne sa compagne, est plutôt bonne en égérie austère de l'humanitarisme dont le visage ne s'éclaire qu'au contact des enfants. Reda Kateb assure et Valérie Donzelli campe fort bien une journaliste bobo, qui, se réfugiant derrière son statut et pressentant sans doute la catastrophe qui s'annonce, refuse au départ de s'impliquer, mais finira par être submergée par la puissance du pathos que dégage le groupe, et ira jusqu'à incendier son compagnon sur Skype parce qu'il n'est pas chaud pour adopter l'un des enfants sur lequel elle jeté son dévolu.