Le Camelot du Roi
C'est un peu triste à dire, mais dans la grande famille des films médiévaux en technicolor de Richard Thorpe avec Robert Taylor, celui-là accuse plus difficilement le coup pour des redécouvertes...
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le 17 nov. 2013
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J'ai naturellement une certaine indulgence pour les film de l'Hollywood classique, malgré les défauts évidents de certains d'entre eux. Et le duo Richard Thorpe/Robert Taylor, pour moi, ça a longtemps représenté le film d'aventures par excellence, Ivanhoé et tout ce qui va avec.
Du coup, logiquement, préparant un cours sur la représentation des chevaliers de la Table Ronde au cinéma et à la télévision, j'avais décidé d'y inclure des extraits de ce film. Et donc de le revoir.
La déception fut assez importante quand même. Je me souvenais bien de certaines choses : les épées en aluminium, les combats comme si les armures n'existaient pas, etc.
Mais il y avait tant de choses que j'avais oubliées !
La caméra est trop souvent complètement statique. Certes, cela donne bien quelques images magnifiques parfois, mais globalement ça plombe les scènes, surtout dans l'action.
Le jeu des acteurs aussi est très statique. On a l'impression que Robert Taylor, pour qui j'ai un énorme respect suite à des films comme La Dernière Chasse ou Traquenard, n'a qu'une seule expression à son actif, celle du chevalier plein d'honneur et représentant la virilité. Il faut toujours la même tête, que ce soit pour jurer fidélité à Arthur, pour exprimer la colère face à Mordred ou l'amour avec Guenièvre.
Ah Guenièvre ! Parlons-en : heureusement qu'elle est là, elle. Ava Gardner est juste sublissime, une fois de plus. Incontestablement une des plus belles et des plus classieuses actrices hollywoodiennes.
Quant à Mel Ferrer, je l'aime tellement dans les rôles de méchant (voir l'excellent Scaramouche) que je l'ai trouvé très falot dans ce rôle d'Arthur, échouant à donner au roi sa prestance souveraine.
Et nous abordons là un des problèmes du film : centrant l'action non sur Arthur, non sur la quête du Graal, mais sur l'amour adultère de Lancelot et Guenièvre et sur le conflit avec Mordred, le film fait l'impasse sur beaucoup d'éléments qui constituent la richesse du cycle arthurien.
Des légendes qui sont d'ailleurs adaptées très librement. Alors que le cycle arthurien trouve sa place, si mes souvenirs sont bons, à la fin de l'Empire Romain, vers le 5ème siècle de notre ère, le film de Thorpe se situe clairement en plein Moyen Age féodal (rejoignant, en cela, les livres de Chrétien de Troyes, par exemple). L'image donnée ici est celle véhiculée par les Romantiques lorsqu'ils ont propagé leur vision du Moyen Age : armures étincelantes, sens de l'honneur, courtoisie, traitrises, etc. Un Moyen Age bien édulcoré, haut en couleur, avec du rouge, du jaune et du vert qui explose de tous les côtés.
Des légendes arthuriennes terriblement terre-à-terre également. Mis à part l'ultime scène, nous sommes ici dans un monde où le surnaturel est absent. Merlin n'est qu'un vieux sage et un conseiller du roi, mais nullement un enchanteur. On mentionne le Graal deux fois, en tout et pour tout. Morgane et Viviane sont des femmes comme les autres.
Absence de mysticisme également. Le film laisse complètement de côté l'aspect "Arthur champion du christianisme qui soumet les païens", se concentrant uniquement sur l'aspect politique : Arthur unificateur du royaume.
Le film n'est pas totalement désagréable, loin s'en faut. Il possède toujours ce charme des films d'aventures hollywoodiens, et la naïveté qui va avec. Le charme du Technicolor aussi. Mais, cette fois-ci, ce n'est pas suffisant pour en faire un bon film.
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Créée
le 17 juil. 2016
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3 commentaires
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