Il y a un peu moins de trente ans, Masami Kurumada lançait Saint Seiya en manga. En 1988, la version animée arrive en France grâce au Club Dorothée et c’est l’explosion. Avec 114 épisodes sans compter la saga Hadès, les long-métrages et les deux dernières séries (Lost Canvas qui se déroule avant et Saint Seiya Omega qui se focalise sur une nouvelle génération de personnages), l’univers du Chevalier Pégase est devenu un des piliers de la japanimation grâce à son univers et ses personnages et malgré ses longueurs…
Le nouveau long-métrage proposé par Keiichi Sato est un reboot se focalisant sur la partie « Sanctuaire » de l’histoire. Et s’il est blindé de défauts et de modifications qui feront hurler les purites, il est indédiable qu’il parlera aux fans tant il déborde de moments sacrément cools.
Le film s’ouvre, comme on peut l’imaginer, sur Aioros le Chevalier du Sagitaire qui, comme dans l’histoire originale s’échappe du Sanctuaire avec la nouvelle incarnation d’Athéna bébé. Première surprise, il va combattre quelques poursuivants … dans les cieux. Oui, les pouvoirs des Chevaliers du Zodiaque version 2014 sont plus impressionnants. Il faut dire que tout est fait pour nous en mettre plein la vue, au point de parfois trop charger la mule. La caméra bouge, tourne, zoome pour livrer des images très dynamiques, souvent saturées de lumière. Le résultat est parfois très sympa et parfois too much mais il est difficile de bouder son plaisir devant les très nombreuses scènes d’actions.
On peut évoquer les modifications visuelles de l’univers destinées à moderniser l’ensemble. Rien n’est vraiment choquant de prime abord mais des petits détails feront hurler les spécialistes. Désormais, Seiya porte un jean taille basse et son boxer dépasse pour être moderne, Shun a un piercing à l’oreille et le Chevalier du Lion à la lèvre. Jusque-là ça va. Mais fallait-il afflubler le Taureau d’une barbe tressée avec des perles (sans compter sur le fait que le personnage a une scène absolument ridicule où il chante !) ? Fallait mettre des lunettes à Mu, Chevalier du Bélier ? Rien n’est moins sûr.
Exit aussi l’aspect grecque de la série. Si Athéna et les constellations sont bien évoquées, le Sanctuaire n’est plus un temple à colonne -et les Chevaliers n’auront plus des milliers de marches à gravir. C’est désormais une cité dans le ciel, à l’image de l’Olympe, avec un design qui n’est pas sans rappeler l’Asgard comme Marvel l’a présenté dans Thor. C’est surprenant mais le réalisateur ne voulait manifestement pas avoir à justifier la mythologie grecque en seulement 90 minutes.
C’est d’ailleurs la durée qui pose le plus gros problème. Un univers à présenter et onze méchants à combattre en seulement 1h30 impose de faire des choix. Du coup, seuls les cinq chevaliers de Bronze habituels sont présentés, tout l’univers et les différents personnages secondaires à l’instar du vieux maitre de Shiryu, Dohko de la Balance, sont mis de coté. On prend un certain plaisir à découvrir l’introduction et les Chevaliers combattre dans un environnement urbain (ce que la série originale présentait dans les premiers épisodes pour l’oublier ensuite) tout comme on s’éclate à découvrir les nouvelles armures, désormais lumineuses selon l’intensité du Cosmos et évolutive (ils ont tous un casque qui couvre même la bouche pendant les scènes de combats, et le bras de l’armure de Pégase s’ouvre quand il déclenche son météore, à l’image d’un Iron Man). On s’amuse également à découvrir que Saori a un rôle désormais plus actif et n’est plus réduite à une simple potiche.
Mais les choix lors de l’ascension des douze maisons sont parfois douteux : fallait il vraiment supprimer certains combats mythiques ? Fallait il vraiment faire mourir certains personnages comme du caca alors qu’on aurait aimé les voir en action ? Il manque cruellement de choses à l’histoire, et on manque cruellement de temps. Peut-être qu’avec trente minutes supplémentaires, on aurait pu voir Shaka, le Chevalier de la Vierge, nous montrer l’étendue de son pouvoir. Malheureusement, il n’est ici réduit qu’à de la figuration.
Bref, Saint Seiya Legend of the Sanctuary est surprenant dans le bon sens du terme. On s’attendait à un mauvais film et il est plutôt réussi, tenant son rythme et ne lachant pas son histoire. Mais il est plombé par une durée trop courte, qui ne satisfera pas les non spécialistes qui trouveront l’ensemble trop léger et les personnages trop caricaturaux et qui fera hurler les puristes car il fallait faire des choix. Mais visuellement on prend son pied en regardant Seiya déclencher ses Météores, et après tout c’est déjà l’essentiel.