Sur toutes les présentations de ce film, on nous a annoncé "Par ceux qui ont fait Albator". Ce qui n'était pas très rassurant il faut bien en convenir, tant le long métrage d'Albator sorti en décembre 2013 était … bizarre et lent. A mon tour de faire une annonce : ils ont réussi à faire pire. Que les fans de la série de la fin des années 80 le sache d'emblée, ce long métrage a plus de points communs avec la récente série Saint Seiya Omega, sorte d'hybride halluciné de marketing et d'hypermythe retravaillé sauce guimauve. Et pourtant ils ont repris comme canevas le début de l'histoire, le "Sanctuary Arc" pour les connaisseurs.
Sur la forme, l'esthétique, qui fait penser à un jeu Squaresoft, sans être horrible, manque surtout de cohérence. Entre de vieilles statues flottantes au sanctuaires, les piercings des chevaliers, leurs coupes de cheveux plus inspirées de Dragon Ball Z qu'autre chose et surtout un Death Mask qui est une sorte de Phantom of The Paradise de série B et prend autant de temps à faire la reine du disco qu'à se battre, on reste pour le moins perplexe. Et justement en parlant de se battre, les combats sont très vite expédiés, car ne pouvant caser en une heure trente tout ce qui se passe dans la série pendant soixante-treize épisodes, les auteurs les ont coupés et miniaturisés.
Mais si les fans crieront certainement au scandale, ceux sont les spectateurs égarés dans la salle, ceux qui ne connaissent pas l'univers riche créé par Kurumada, qui ne pourront pas suivre l'intrigue car celle ci est assenée sans éclaircissement sur quoi que ce soit. On a vite l'impression que le spectateur est supposé connaître un minimum l'histoire avant de venir voir le film … Troublant.
Adieu aussi, faute de temps ou de bon scénariste, au côté spirituel, aux apparitions des proches du héros qui lui parlent en fond d'écran pour qu'il continue de se battre, à l'apprentissage des héros, qui balancent une attaque et l'instant d'après ont appris, à l'image de Hyoga, la technique ultime de leur maître. Et encore faut-il savoir qu'il s'agit de cela ! Si vous n'avez pas vu la série originale vous serez perdus vous dis-je. Sans parler du fameux Cosmos, qui n'est plus une force vive grandissante comme l'univers en extension, un lien ressenti entre chevaliers, un reflet de sa propre âme mais simplement une énergie qui permet de combattre ou de soigner. Au passage on apprend le septième sens, vite fait bien fait, on sait pas comment, on sait pas pourquoi. Tout a été réduit, simplifié.
Comment expliquer ce désastre ? Peut être qu'à l'époque des premiers épisodes de Saint Seiya, appelé chez nous les Chevaliers du Zodiaque, le Japon était différent et le créateur de la série avait un respect pour la culture occidentale et avait réussi l'exploit de la mêler, ou plutôt de mêler les différent mythologies européennes avec un esprit oriental pour en faire ce qu'il a appelé l'hypermythe. Presque trente après le Japon a changé. Rien qu'à voir les héros de Saint Seiya Omega on avait compris. Les producteurs de ce vide cosmique (hé hé) se comportent comme les colons américains, à vouloir faire des films pour vendre des places, des jouets et autres produits dérivés. On ne pouvait pas s'attendre à un chef d'œuvre certes, mais là c'est carrément du gâchis en synthèse.
Au final un imbroglio de condensé de la première partie de la série culte de Kurumada, d'une incroyable vacuité, avec des personnages fabriqués pour être à la mode avec leur look "trop cool', comme par exemple un Seiya avec des yeux de lapin Albinos, un Shiryu scotché à son armure de moralisateur, un Andromède qui a oublié d'être androgyne, un Hyoga bardé de cuir qui pilote une moto ou encore un Phœnix qui a plus l'air d'être un paon croisé avec des néons fluo digne de Miami qu'un oiseau de feu. Sic, sic et re-sic.
PS : Si vous survivez jusqu'à la fin du film, restez donc jusqu'à la fin du générique, il y a encore une dernière séquence qui vous attend. Elle est merdique, mais tant qu'à faire …