Cheyenne Autumn est le dernier western tourné par John Ford, celui dans lequel il dit adieu à ses amis navajos avec qui il a tourné de nombreux films et à la Monument Valley dont la caméra a si amoureusement capturé les paysages durant des années. Un dernier film dans lequel il choisit de rendre hommage aux indiens et de montrer l’injustice et la violence dont ils ont été les victimes à travers un fait historique dont il s’inspire librement : celui de la longue marche de 300 cheyennes qui bravèrent la cavalerie en quittant leur réserve de l’Oklahoma pour rejoindre la terre de leurs ancêtres dans le Wyoming.
Un film dans lequel on retrouve la maîtrise de John Ford pour les cadrages, les plans magnifiques dans lesquels une longue cohorte d’indiens constituée de quelques guerriers mais aussi de femmes et d’enfants se déplacent lentement et dignement à travers des paysages sublimes et désertiques. Cette poignée d’indiens déclenche une peur irrationnelle à travers l’Amérique. Il suffit de dire le mot : « cheyenne », de titrer et raconter n’importe quoi dans les journaux pour provoquer une panique généralisée. Ils sont pourtant bien inoffensifs par leur petit nombre, et ils doivent faire face à des moyens démesurés déployés contre eux.
Si le thème mérite d’être souligné et salué, si la beauté visuelle est toujours au rendez-vous, ce western m’a pourtant moins touchée que d’autres westerns de Ford. En particulier parce que le rythme est mou ; parce que je n’ai pas réussi à m’attacher à des personnages en particulier et enfin parce que l’humour qu’on trouve habituellement dans les films de Ford fonctionne ici moins bien. Il est présent essentiellement durant la séquence de Dodge City avec le personnage de Wyatt Earp, son acolyte Doc Hollyday et une certaine Madame Plantagenet. Mais c’est un humour lourd qui fait flop.
Dernier western de Ford, avant-dernier film de sa filmographie qui a commencé à l’ère du muet. Ford a réalisé environ 140 films et reçu 4 oscars, il est toujours le seul à ce jour. Un réalisateur qui aura participé à construire la légende de l’Amérique avant de travailler à la déconstruire les dernières années. Un réalisateur qui est à lui seul une légende !