James Stewart est l'entr'cte le plus cool du monde.
Je dois dire que dans un premier temps, le flim me paraissait un peu mou : pas beaucoup d'action, une voix off un peu trop présente... et puis ça démarre quand même bien : au fil des bobines, les conflits se multiplient, la tension monte, les personnages se révèlent. Et puis cet entr'acte du tonnerre ! Je n'avais encore jamais vu ça dans un film, c'est franchement pas bête du tout ! J'avais aussi une grosse crainte, que l'indien soit trop magnifié. Il est certain qu'il l'est, mais pas entièrement : lorsque Ford se rapproche des cheyennes pour adopter leur point de vue, on se rend compte qu'ils ne sont pas si nobles que ça. Malgré tout, il faut bien avouer qu'on est globalement dans l'opposé de l'indien bête et méchant, et cette tendance peut s'avérer tout aussi agaçante lorsqu'elle n'est pas utilisée avec justesse comme c'est le cas ici.
Les personnages sont assez bien creusés : des personnages au trait de caractère simple mais finement écrit. Les confrontations volent de plus en plus haut. Les différents points de vue sur l'affaire confèrent également au film un souci de réalisme. De plus le réalisateur et Widmarck souhaitaient tous les deux être très fidèle à la réalité ; pour cela, "Cheyenne Autumn" fascine par le développement du côté social de l'époque tant du point de vue des blancs que des rouges.
La mise en scène est très bonne. De bons acteurs déjà. Ensuite un découpage sobre mais quifonctionne grâce à une bonne direction d'acteur et de bonnes compositions (même les longs dialogues en plan large passent très bien). Les scènes d'action sont bien filmées, toute l'action est lisible et enfin les décors sont magnifiquement filmés. Je n'ai pas vu beaucoup de Fort, donc j'avoue que je ne savais pas encore pourquoi tout le monde dit que personne n'a su filmer l'Ouest comme lui... maintenant je sais ! Peut-être y a-t-il un peu trop d'air au dessus des personnages parfois dans certains plans, mais ça reste très bien composé en règle général, avec un beau jeu de lumière. Et puis outre l'aspect esthétique, comme dit plus haut, on a l'impression que Ford tourne un documentaire tant les petits gestes de chacun semblent réels.
Bref, "Cheyenne Autumn" souffre peut-être de quelques coups de mou, d'une voix off trop présente et d'un idéalisme un peu trop envahissant, mais ça reste un travail très bien mené pour un tas d'autres raisons tant sur le fond que la forme.