Henri Ferret (Victor Lanoux), un jeune médecin, vient de s'installer en région parisienne. Il constate que beaucoup de ses patients viennent le consulter suite à des morsures de chiens. Il apprend que beaucoup de gens ont acheté des chiens, dressés par Morel (Gérard Depardieu), pour se protéger des agressions...
Alain Jessua, fidèle à ses habitudes, nous réalise un film qui sort de l'ordinaire, surtout pour l'époque.
A travers ses chiens, il nous livre une métaphore de la violence des êtres humains. En particulier dans des banlieues où des femmes se font violer, des hommes se font tabasser et parfois tuer etc..
Et il pose la question de la légitime défense. Mais au lieu de prendre un révolver, les gens se servent de chiens dressés. Et on voit au fur et à mesure que le film avance les dégâts d'une telle décision parce qu'on voit que certaines de ses victimes finissent par devenir aussi cinglées que leur agresseur (SPOIL: voir la scène où Nicole Calfan lâche son chien sur celui qu'elle présume être son agresseur...). Et puis il évoque la haine des étrangers...
La mise en scène est étonnante. On se croirait quasiment dans un film fantastique-horreur grâce à la manière dont Alain Jessua filme les chiens, surtout quand ils attaquent (des scènes qui restent encore aujourd'hui impressionnantes ).
Et en plus de toutes ces qualités, on a un un très bon casting. Parmi les seconds rôles, on retrouve Fanny Ardant dans un de ses premiers films, Pierre Vernier remarquablement ambigu. Et puis les premiers rôles tout aussi bons à commencer par Nicole Calfan (un de ses rôles les plus marquants), Victor Lanoux une fois de plus impeccable qui semble être le seul personnage vraiment sensé et qui celui à qui le spectateur s'identifie. Et Gérard Depardieu absolument grandiose dans un rôle troublant. Il pense être un bienfaiteur mais quand on le voit frôler l'orgasme en regardant des chiens mordre juste pour s'entrainer, on peut se dire qu'il est un psychopathe dangereux à sa manière.
"Les chiens" est un mélange de polar et de drame social qui frôle le fantastique ce qui en fait un film à part dans le paysage français. Il n'est malheureusement pas très connu et pourtant je ne serais pas surpris que Samuel Fuller l'ai vu puisque quelques années plus tard il réalisera "Dressés pour tuer" qui comporte quelques points communs avec "Les chiens"... Vous l'avez compris: c'est un long métrage qui mérite d'être (re) découvert.