Avec 1,6 millions d'entrées, le film de Jean Yanne aurait pu être un beau succès populaire. Mais au vue de son sujet, il était d'office polémique pour les maoïstes de France, les communistes ou même la presse. Pourtant ce ne sont pas les Chinois qui s'en prennent plein la figure. On peut même dire que les Français leur facilitent la tâche en se phagocytant entre eux.
Un vrai dézingage où Jean Yanne se base sur ce qui s'est passé durant l'Occupation pour dépeindre les Français. La délation, la résistance qui existe uniquement quand cela arrange les principaux intéressés, la violence de la police française (face aux autorités chinoises beaucoup plus maniérées), le gouvernement français constitué de gens à la solde des Chinois, le prêtre qui devient chinois (Paul Préboist) et part à la chasse aux dénonciations... A cela rajoutez un président (Bernard Blier) qui se sauve aux USA comme le Shah d'Iran des années plus tard (le film est sorti en 1974) et vous avez une certaine vision du bonheur.
Les plus fourbes ne sont pas forcément les plus évidents, à l'image du personnage de Jean Yanne bien plus subtil qu'il n'y paraît. Un personnage qui révèle réellement ses cartes dans les dernières minutes pour le plus grand plaisir du spectateur.
Le problème n'est donc pas l'invasion chinoise, mais les envahis qui ne demandent finalement que ça et s’entre-tuent entre eux (malgré le ketchup ou ce qui semble en être, le plan-séquence sur l'autoroute est génialement glaçant). Les Chinois à Paris est donc une satire fracassante qui n'épargne personne en France et le message n'a pas perdu en impact. Bien au contraire.