Pierre Morhange est un très célèbre chef d'orchestre qui donne une série de concerts à New-York. Durant cette tournée, il apprend le décès de sa mère. Il part précipitamment aux obsèques et c'est alors qu'il rencontre, après une éclipse de cinquante ans, un vieux copain de classe, Pépinot. C'est alors que celui-ci lui remet un manuscrit, lequel est en fait les mémoires de leur ancien "pion" Clément Mathieu. Il faut dire que ce dernier fut en 1948 une révélation pour certains des élèves de l'internat du "Fond de l'Etang", destiné à recevoir des garçons difficiles. La discipline y est très stricte. Toutefois Clément Mathieu, professeur de musique chômeur, se contente de cet emploi de surveillant. Révolté par les injustices permanentes et disproportionnées exercées par le directeur, Rachin, le surveillant prend sous sa responsabilité de chambouler les méthodes pédagogiques. Il décide de monter une chorale afin de donner un but aux enfants. Morhange qui était alors un élève introverti sera nommé "solo" de la chorale. Tous finissent par se montrer assidus, toutefois le sort est souvent injuste. La comtesse des environs, qui subventionne grassement l'internat, veut entendre la voix de ce soi-disant "délinquant" de Morhange. La chorale se produira effectivement en sa présence et cela ne sera pas fait pour arranger la terrible rivalité entre Rachin et Mathieu et, malheureusement, le plus humain n'est pas toujours le plus fort.
Christophe Barratier nous plonge dans ces années d'après guerre durant lesquelles la rigueur pédagogique était le point fort de beaucoup d'enseignants. Nombres d'enfants avaient connu la misère, le choc de la séparation et face à ces drames intérieurs, les autorités bourgeoises et bien pensantes n'avaient qu'une solution à proposer à ces gamins en difficulté, issus pour la plupart de familles pauvres: le pensionnat, véritable maison de correction avec sa discipline de fer, sa soumission et sa répression permanente. Il est certain qu'après de tels traitements, les effets se révélaient plus désastreux sur les enfants que ce que l'on veut bien prétendre aujourd'hui. C'est alors que survient dans ce sinistre endroit cet homme au chômage, épris de musique, mais qui, pour essayer de gagner sa vie, accepte le poste de surveillant. En opposition complète avec ces méthodes rigoristes, il va tenter et réussir à "pacifier" les enfants par la musique et notamment le chant. Bien entendu, cela est très mal perçu par la hiérarchie, car pour elle il s'agit d'un constat d'échec au niveau de leur pédagogie et de plus un camouflet pour Rachin auprès des élèves et des personnalités qui financent l'institution. La chorale en peu de temps devient très performante. Les enfants ayant trouvé une base d'intérêt voire une sorte d'idéal deviennent progressivement des gosses comme les autres. Mais à cette époque, l'autorité exacerbée restera tenace face au dialogue d'autant plus il était incompréhensible qu'une matière artistique pointe le bout de son nez dans ce système, surtout chez des gosses considérés comme bannis de la société.
Alors là, pardon Christophe Barratier, je reste coi devant autant de démagogie, de facilité dans le"y a qu'à" et de naïveté. Certes l'intrigue est touchante mais trop touchante. Tirée de "La cage aux rossignols" et vaguement ressemblante au très fameux "Le cercle des poètes disparus", ce film paraît d'une insignifiance totale. D'un côté, le très méchant directeur,de l'autre l'homme à tout faire, pauvre type, cible de tous, sauf bien sûr du bon prof de chant et au milieu le gentil et inventif surveillant sous-estimé. Tout est TROP dans ce film! A quel enseignant fera-t-on croire qu'il suffit, même à cette époque, d'un claquement de doigts et de quelques notes de musique pour arriver à réinsérer les enfants décrits dans cette réalisation. Le metteur en scène a vraiment programmé son intrigue pour jouer à fond sur la corde sensible de certains spectateurs et moi, je ne suis pas rentré dans ce jeu, car la réalité des choses est toute autre et pas aussi simple. Gérard Jugnot n'a rien à se reprocher, il accomplit consciencieusement ce qu'on lui demande d'interpréter en essayant de faire passer le plus d'émotions possible, malheureusement son personnage est bien peu crédible. François Berléand fait son travail dans son personnage dénué de toute humanité et imbu de sa personne. Kad Merad, dans le rôle du surveillant Chabert, se tire honorablement de son interprétation de pauvre type, souffre-douleur de sa hiérarchie et des gosses. Ceux-ci justement, apprenant à chanter à la perfection... en quelques semaines, ont bien du mal à se rendre crédibles. Il est vrai que la musique sirupeuse a fini par devenir indigeste pour cause d'overdose médiatique.
Bref, voici l'un des films les plus politiquement corrects qu'il m'a été donné de voir. Le marketing a fort bien fonctionné, on a bien admiré ces gamins "Choristes" et c'est vrai qu'ils ne manquent pas de talent. La bande originale s'est super bien vendue et beaucoup de spectateurs ont bien larmoyé devant ce "drame" de l'injustice et de l'incompréhension.