Retour à l'essentiel (apparent).

Eric Besnard persiste et signe dans une sorte de cinéma quelque peu passéiste à la Jean Becker avec « Les choses simples ». Un cinéma presque moribond actuellement et représenté quasiment uniquement par le cinéaste nonagénaire. On y entretient les clichés d’une certaine France rurale avec un côté Madeleine de Proust pour les plus âgés et un goût prononcé pour le terroir hexagonal. Des œuvres comme « Les Enfants du marais », « Effroyables jardins » ou encore « Un crime au Paradis » avaient d’ailleurs été de gros succès en vantant la France d’antan dans un souvenir baguette et béret parfois un peu douteux. Après « Délicieux » l’an passé, qui revenait sur la naissance du premier restaurant français avec ses odeurs de cuisine séculaire et déjà avec Grégory Gadebois, il revient à notre époque avec « Les choses simples ». Le titre est piqué aux fameuses pub Herta qui justement vantaient le retour à l’essentiel par le biais de la nourriture et le mode de vie avec des images profondément (et volontairement) surannées, voire proche du cliché et de l’image d’Épinal, sur une France qui n’existe plus, presque réactionnaire.

Ici, davantage qu’un film du genre auquel la promotion voulait nous faire croire c’est avant tout un feel-good movie et la rencontre de deux contraires à laquelle nous convie Besnard et c’est tant mieux. « Les choses simples » n’en demeure pas moins une belle ode à la nature où les plans sur la montagne sont magnifiques mais davantage par ce qu’il montre que par la mise en scène un peu paresseuse de Besnard. On plébiscite le calme et le fait de prendre son temps, de vivre. En cela, c’est une œuvre aux vertus presque apaisantes et c’est vraiment un film qui fait du bien au moral. On sort de la séance comme on sortirait d’un séminaire de bien-être. Et le fait de prendre deux excellents comédiens antinomiques incarnés par Gadebois donc et Lambert Wilson, dont les personnages et le jeu frôle parfois un peu la caricature mais n’y tombe jamais, est un total plaisir. Pour le spectateur mais aussi le plaisir de la comédie et celui de jouer ensemble. Leur duo et leur métier font beaucoup dans la réussite du film car l’osmose entre les deux est indéniable et cela se ressent.

Le happy-end est quelque peu cousu de fil blanc mais si « Les choses simples » se terminait autrement, cela ne collerait pas à la note d’intention de l’ensemble. Les dialogues sont aux petits oignons que ce soit sur leur versant comique (on ne rit pas à gorge déployée certes mais on sourit tout du long) ou sur le versant moral, les valeurs et les petites vérités édictées ici sont belles et sincères. Alors si le film va finalement plus loin que son retour à l’essentiel, aux choses simples et à la nature, sujet qu’il touche de loin dans la première partie et qu’on aurait aimé parcourir durant tout le film, la direction qu’il prend est tout aussi satisfaisante et le contexte montagnard est de toute beauté. Du cinéma en pantoufles qui donne au spectateur son quota de dopamine avec deux excellents acteurs, c’est déjà pas mal.

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