Après avoir survécu au carnage de la planète de Pitch Black et suite à sa rencontre avec la contrebandière Antonia Chillingsworth, Riddick a décidé de s'exiler sur UV-6, une lune gelée, pour protéger la petite Jack de son influence et des chasseurs de primes. Des années ont passées et une horde de tueurs dirigés par le dénommé Toombs vient bientôt troubler la quiétude de l'exilé et essaie de le capturer. Riddick ayant tôt fait de déjouer leur tentative, il découvre très vite que c'est son ami l'imam qui a mis une nouvelle prime sur sa tête. Il décide alors de faire route vers Hélion Prime, planète où habite ce dernier, afin de comprendre ses raisons. Arrivé là, le hors-la-loi découvre très vite que l'astre est devenu la cible d'une invasion des Nécromongers, une race de guerriers dont le but est de convertir par la force tous les autres peuples à leur foi en Anteverse. C'est en luttant contre eux que Riddick découvrira ses origines.
Pour le second opus consacré à son célèbre anti-héros Richard B.Riddick, réalisé en 2004, le réalisateur David Twohy s'était vu offrir les moyens de ses ambitions. Loin de décalquer l'approche survivaliste et finalement très classique de Pitch Black, ce second film impose d'emblée un contexte space opera des plus ambitieux, nous faisant passer d'une planète à une autre et nous révélant la fameuse nouvelle Mecque plusieurs fois évoquée au cours du précédent film. Un décorum médiéval servant de cadre principal à une intrigue qui puise dans bon nombre d'influences, qu'elles soient d'ordres bibliques (la condition d'élu du dernier Furyen), antiques (le personnage de l'oracle incarnée par Judi Dench, la prophétie annonçant la mort du Haut Commandeur de la même façon qu'un certain Laïos) ou shakespearienne (Thandie Newton incarne ici une Lady Macbeth venimeuse à souhait). Qui plus est, le monde aride de Helion Prime évoque pour beaucoup les vastes étendues désertiques de la planète Arakis telle que l'on peut se les imaginer en lisant le roman Dune de Frank Herbert.
Cette suite s'éloigne donc radicalement du schéma conventionnel de son modèle pour prendre l'ampleur d'un véritable péplum galactique dont l'intrigue faussement complexe se repose avant tout sur une direction artistique de toute beauté, bien servie par des effets spéciaux de très bonne facture pour 2004. Mais malgré toute cette ambition affichée et les qualités formelles qui la soutiennent, la première partie révèle rapidement les redondances d'un fil directeur usé jusqu'à la corde et ce, sans compter les clichés d'usage (sacrifice de l'ami du héros, démonstration de cruauté du salaud en chef, etc...). A trop bouffer à tous les râteliers, Twohy semble parfois se perdre lui-même dans ses propres références jusqu'à se vautrer dans bon nombre de poncifs archétypaux et proposer de surcroît des réflexions pompeuses sur le mysticisme. Et ce n'est pas le director's cut, aux scènes dispensables, qui viendra atténuer cette impression (le film avait été amputé d'une dizaine de minutes à sa sortie en salles).
Il faudra finalement attendre l'emprisonnement de Riddick sur la planète Crématoria pour que le récit prenne toute sa raison d'être : la mise en valeur de son anti-héros et de sa faculté de se sortir des situations les plus périlleuses. Le film bascule dès lors dans le pur actioner SF, enquillant les morceaux de bravoure dont l'un des moindres reste cette évasion à priori impossible d'une planète dont la surface s'embrase littéralement dès les premières heures du jour.
En bout de course, le hors-la-loi en apprendra plus sur ses origines et sa destinée, une prophétie le consacrant dernier représentant d'une espèce censée anéantir les dévoreurs de mondes. Lesquels finalement finiront tous par se prosterner, sous le regard circonspect d'un Riddick prostré sur le trône impérial de son ennemi vaincu.
Une conclusion d'envergure, aux forts accents shakespeariens, qui cligne ouvertement de l'oeil à celle du Conan de Milius (voir comment la trajectoire prophétisée de Riddick évoque par bien des aspects celle du guerrier cimmérien). Ambitieuse et ouvrant sur pas mal de perspectives narratives, la scène finale promettait alors un troisième opus d'une plus grande ampleur encore que cette séquelle, ceci avant que les recettes décevantes du film ne viennent fortement compromettre l'avenir du dernier Furyen (Universal se refusant alors à investir dans une autre suite). Il aura fallu près de dix ans à David Twohy pour réussir à nous livrer cette seconde suite très (trop ?) attendue. Un troisième opus au canevas bien plus modeste que son prédécesseur (oubliez les Chroniques, ne reste plus que le seul nom de Riddick), renonçant dès ses premières minutes à l'ampleur promise par le dénouement du second opus pour revenir aux fondamentaux de la saga : une planète hostile, une horde de chasseurs de primes tous plus cruels et fourbes les uns que les autres et un Riddick dont la ruse et la force brute mettra tout le monde d'accord. Après tout, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple...