Trois mondes
Quand elle débarque dans la vie d'Arnaud, Madeleine est comme un ouragan, un orage. Lui, il est du premier monde, perdu entre le refus de se projeter, une envie d'envol et le maintien de l'entreprise...
Par
le 10 juin 2014
58 j'aime
14
C'est fou comme la ligne entre film "correct" et "bon" film est ténue.
Il s'en est fallu de très peu pour que ce premier long-métrage de Thomas Cailley soit "bon", voire "très bon".
Un scénario certes pas révolutionnaire, mais qui tient la route, qui essaye de s'attacher aux émotions, aux ressentis, qui nous fait vivre quelques péripéties intéressantes, qui nous propose une vision, une "patte", un petit quelque chose d'agréable.
Arnaud, perdu suite à la mort de son père, se cherche un peu. Tiraillé entre son métier de menuisier qui le promet à un avenir tout tracé et la fougue d'une rencontre singulière avec Madeleine. Il va ainsi crapahuter de l'un à l'autre, trébuchant se relevant, avançant tant bien que mal sur ces sables mouvants. C'est que Madeleine le fascine, elle n'a qu'un but dans la vie, et un seul : rejoindre l'Armée de Terre.
Entre histoire d'amour unilatérale destructrice et réflexion sur l'avenir de la société, "Les Combattants" avait tous les ingrédients pour distiller une savoureuse petite pépite.
Mais un "bon" film, ça ne tient pas qu'au scénario.
Si sur le papier tout est réuni pour créer l'évènement, le rendu final est quelque peu décevant.
Malgré une photographie magnifique (les scènes en forêt sont sublimes), on est face à un film sans réelle profondeur, où chaque acteur performe sans vraiment prêter attention à l'autre, et surtout sans réelle cohésion avec l'ensemble.
Certes Adèle Haenel est parfaite en vrai petit soldat(même si elle me rappelle la performance d'une autre Adèle en garçon manqué, beaucoup plus poignante...), mais on n'y croit pas. C'est "trop" caricatural, trop superficiel. D'ailleurs tous les personnages sont éminemment clichés et caricaturaux : Arnaud le gentil très gentil, Madeleine la belle inaccessible rude comme un roc, le lieutenant méchant très méchant, etc....
Ça donne un air de mauvaise comédie à un film qui pouvait prétendre à s'élever bien plus haut.
Point positif : à chaque fois qu'on commence à trouver le temps long, un nouveau bouleversement vient tout chambouler et nous mettre sur de nouveaux rails.
Point négatif : ces nouveaux rails ne s'enchainent pas forcément avec une logique à toute épreuve.
Il faut accepter de se laisser porter.
J'aurais tellement aimé aller plus loin avec les personnages, les accompagner plus profondément dans leur errance, voir comment ils pouvaient se connaitre, s'appréhender. Leur relation n'appelant qu'à un sentiment d'impuissance et de destruction, je m'attendais à voir transparaître ces émotions à l'écran. Que nenni. Par on ne sait quel miracle, les personnalités même des personnages changent au gré du scénario, sans raison aucune.
En définitive ce n'est pas grand chose de plus qu'une histoire d'amour banale, menant à une fin banale, avec des personnages banals.
Alors que si le réalisateur avait décidé de terminer son film 10 minutes plus tôt
(perdus dans la fumée de l'incendie)
, ça nous aurait mis une très très grosse claque !
En somme : Un film agréable à regarder, mais qui s'oublie aussitôt l'écran éteint.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste "T'aurais pas une idée pour un film ?"
Créée
le 1 avr. 2015
Critique lue 507 fois
1 j'aime
1 commentaire
D'autres avis sur Les Combattants
Quand elle débarque dans la vie d'Arnaud, Madeleine est comme un ouragan, un orage. Lui, il est du premier monde, perdu entre le refus de se projeter, une envie d'envol et le maintien de l'entreprise...
Par
le 10 juin 2014
58 j'aime
14
Auréolé d'une excellente réputation glanée au festival de Cannes (où il remporte quatre prix), "Les Combattants", premier film de Thomas Cailley, nous fait suivre Arnaud, jeune homme plutôt...
le 30 août 2014
37 j'aime
6
Du bois dont on fait les cercueils … C’est le très étonnant, très décalé prologue des Combattants – le cercueil proposé pour le père ébéniste, par une entreprise spécialisée, est fabriqué dans un...
Par
le 28 août 2014
25 j'aime
Du même critique
"Inspiré de faits réels" Je ne sais pas combien de films ces 5 dernières années commencent par cette phrase minable. Pour moi, débuter son film par ça, c'est commencer par s'excuser. Ça en dit long...
Par
le 31 janv. 2016
1 j'aime
Très bonne surprise de ce début d'année. Assez compliqué à appréhender dans sa globalité compte tenu du jargon très technique employé à tout bout de champ, le film parvient néanmoins à piquer la...
Par
le 10 janv. 2016
1 j'aime
C'est fou comme la ligne entre film "correct" et "bon" film est ténue. Il s'en est fallu de très peu pour que ce premier long-métrage de Thomas Cailley soit "bon", voire "très bon". Un scénario...
Par
le 1 avr. 2015
1 j'aime
1