Vous ne comprenez pas les gars ! Les Irlandais sont les Noirs de l'Europe ! À Dublin, on est les Noirs de l'Irlande et ceux des quartiers nord sont les Noirs de Dublin !
...Réponse pleine d'humour et pourtant claire, lors d’une grande interrogation d'un musicien déprimé, sur le rapport entre la couleur noire et la légitimité de la musique...Mais la musique rallie les cœurs et fait tomber les différences…
Le cinéaste en profite pour rendre hommage à son origine ouvrière et à toute cette jeunesse des années 60, qui rêvait de musique pour se sortir de leur amertume.
Je renvoie donc à un film à voir ou à revoir, et surtout à écouter, pour un moment de bonne humeur et de musique à chaque plan ou presque.
Dans l’Irlande des années 90, un groupe de chômeurs mené par Jimmy Rabbitt, décidera de monter un groupe de soul pour pallier à leur misère et faire de cette musique le fer de lance de Dublin ! (opération compliquée pour cette jeunesse plutôt habitué au punk et à la pop). Après un certain nombre d’auditions épuisantes, de rencontres et de doutes, ils arriveront enfin à monter leur groupe, à s’entendre, et à se propulser sur le devant de la scène...mais les rivalités et autres jalousies mineront ce chemin vers la gloire tant attendue.
On y retrouve une bande son énergique :
Try a little tenderness , Mustang Sally , Slip away , I never loved a man, I can’t stand the rain, mr pitiful, In the Midnight Hour, Take Me To The River, Treat Her right...
Allez :
https://youtu.be/KoLP3AArnEI
Titres et reprises de grands artistes. Otis Redding, Al Green, Aretha Francklin, Wilson Pickett, Anne Peebles ; Clarence Carter, ...James Carr et un clin d’œil à Percy Sledge qui dans le film trouvera son fan dans le personnage du prêtre et de ses goûts musicaux pour l’aspect décalé ...
Toute une bande de joyeux lurons, un peu dépassée, soutenue par le père de Jimmy, joué par Colm Meaney (récemment vu dans la série Hell on Wheels : L'Enfer de l'Ouest), naviguera entre drame et insouciance.
Andrew Strong est déjà à lui seul la découverte d'une voix et d'une présence magnétique, Robert Arkins, tout autant dynamique dans le rôle du manager chanteur, est plein de charme juvénile, et on ne peut que saluer ensuite Bronagh Gallagher, Maria Doyle Kennedy et l’énergique Angeline Ball toutes trois chanteuses irlandaises, qui apportent ce souffle et ces voix magiques à la réussite des morceaux et aux frissons qui vont avec. Elles ont fait quelques apparitions filmiques depuis, notamment MD Kennedy. Elles nous rappelent à ces bons moments où les chœurs nous transportaient totalement dans la magie musicale.
Alan Parker connu pour Midnight express, Birdy ou encore Angel heart, nous avait déjà proposé deux films musicaux dans les années 80 Fame et Pink Floyd the wall. Après une série de films plus sombres : Mississipi burning et La vie de David Gale, il revient à la légèreté et nous offre un grand bol de fraicheur.
Scénario signé de Roddy Doll adapté de son propre livre et du succès de celui-ci, le film verra le jour grâce à Alan Parker qui décidera de lancer le projet. Le scénario sera revu par Dick Clement et Ian La Frenais pour accentuer l’aspect comique de l’intrigue. S’entourant de débutants, mais musiciens pour la plupart professionnels, les morceaux sont réellement interprétés par les acteurs. On y rencontre alors, Glen Hansard mais aussi Kenneth mcCluskey et Dick Massey à l’origine du groupe The stars from the commitments. On retient surtout l’excellence de jeu pour ces musiciens et cette ambiance légèrement dépressive, où notre bande de désœuvrés se remonte le moral à coup de pintes de bières dans des pubs, légèrement enfumés, comme il se doit...
La mise en scène sans défaut de rythme déborde de vitalité, le montage table sur l’authenticité, la spontanéité et accentue les aspects techniques à la construction du groupe, à la limite du documentaire, se dotant de quelques improvisations. Une voix off nous emmène au gré de leurs péripéties et Dublin servira de décor naturel... Le metteur en scène s’offre quelques clins d’œil sympathiques : lui-même dans un petit rôle, ou encore Jimmy qui vend la cassette vidéo de «Mississipi burning» dans le métro, nous démontre qu’il sait aussi changer de registre. Quelques métaphores parsèment le film pour ne pas nous faire oublier le contexte difficile de l’Irlande évitant le misérabilisme…
On pense aux films populaires anglais tel The full monthy où des chômeurs de Sheffield, las de leur vie de pauvreté, décident de faire un show de strip-tease… Tout le drame d'une société mais de l'optimisme, pour un hymne à la vie, à la volonté et au message profondément humain.
Un grand moment.