« Les Communiants » fait partie, comme cela est pas mal rabâché sur les internets, de cette soi-disant trilogie de films qui finissent de balayer hors de la véranda les dernières miettes de foi qui subsistaient chez le réalisateur. Mangez-ça, les p'tits oiseaux…
Il y a quelque chose de l’adolescence dans ce glaviot que Bergman propulse : glaviot dans la gueule du père, de Dieu, et puis un peu des gonzesses au passage. Marre de la culpabilité, faut vidanger pour mieux repartir !
Seulement, le glaviot dans la gueule, même avec sa beauté formelle et sa relative aridité, manque de finesse (surtout en regard de la filmo de notre p’tit pote à la compote).
La terminaison de Foi a un peu les gros traits des vilains religieux de Zola dans « La Faute de l’Abbé Mouret » : on aimerait qu’un sujet si sérieux soit traité avec l’extrême précision qu’il requiert. Oh bien sûr, la gravité de ton et l’austérité sont présentes. Ca, l’auteur sait faire…
Et puis, il y a d’excellentes idées. Le développement de la bombe H par les noich comme élément déclencheur du suicide du péchou en dit long sur la connaissance de la psyché du réalisateur : masque absurde cachant l’échec de sa vie familiale, communautaire, professionnelle et sa crise de foi. On pense à Virginia Woolf, à la dépression profonde dans laquelle elle sombre lors de la montée du nazisme : de l’influence de la géopolitique sur la bipolarité.
« Les Communiants », ça reste du cinéma de haut niveau, avec un Nykvist lumineux et des acteurs au top de leur talent. Et puis, cette fin de cycle et la crise traversée ouvrent à Bergman les portes d’une suite de carrière ébouriffante. Si tant est qu’on puisse ébouriffer un Suédois...