Ce triptyque proposé par trois réalisateurs italiens (Luigi Filippo D'Amico, Dino Risi et Franco Rossi) nous présente trois hommes complexés : le premier par sa timidité, le second par sa réputation (et plus particulièrement par l'image que l'attitude de sa femme renvoie aux personnes qu'il côtoie) et le dernier qui n'est pas complexé par une caractéristique physique qui gêne tout le monde mis à part lui. Ici sont donc présentés trois types de complexes (psychique, social et physique) par trois manières différentes de les aborder :
Una giornata decisiva : nous plonge dans les pensées d'un homme d'une extrême timidité. Le schisme entre ce qu'il souhaite dire ou faire et la réalité permet de comprendre la souffrance du personnage, tout en faisant rire le spectateur... En effet, l'homme n'ose ni affirmer ses goûts (il dénie par exemple le fait d'avoir apporté un parapluie, perçu par Gabriella comme une attitude féminine) ni ses idées (il finit par se retrouver dans les bras d'une femme qu'il n'aime pas pour avoir été incapable d'affirmer son amour envers Gabriella et pour avoir été trop gentil avec à une femme lui faisant des avances). L'humour omniprésent dans ce premier épisode rappelle les comédies de Molière qui voulait "soigner" les défauts de la société en faisait rire son public de ses imperfections (tout en donnant l'impression qu'ils ne se moquait pas d'eux mais bien des autres...) Espérons que ce court métrage aidera les timides, ou plus simplement toutes les personnes dans leurs moments de timidité ! :)
Il complesso della sciava nubiana : j'ai trouvé ce second épisode encore plus hilarant, notamment lors de sa chute. Il présente un homme puritain obsédé par sa réputation et son image, furieux d'apprendre que sa femme a joué dans un péplum légèrement dénudé, et prêt à tout pour détruire les preuves du tournage. Certaines critiques sur le film mettent en avant le conservatisme du protagoniste principal pour justifier son action. Il est vrai qu'il est très croyant et n'admet pas que sa femme puisse être nue ; mais il est indéniable que ce qui sa réputation le préoccupe le plus (il ne blâme pas réellement sa femme mais s'empresse de vouloir regarder le film en avant-première et s'apaise en voyant que le passage dénudé a été censuré. Cependant son mal-être reprend lorsqu'il comprend qu'un de ses amis qui connait sa femme faisait partie de la commission de censure...). Sa renommée passe avant sa femme ! Le retournement de situation final est un délice : qui sème le vent récolte la tempête...
Imaginez un homme d'affaire très conservateur en couverture d'un journal, arrêté lors d'une fête homosexuelle libertine.
Guglielmo il dentone : la troisième partie narre les étapes d'un concours pour devenir présentateur pour une grande chaîne télévisée italienne, un des participants se démarque de part ses talents de dictions, d'expression écrite, son érudition... cependant le jury refuse de le sélectionner en raison de sa bouche jugée disgracieuse. Le spectateur suit donc les tergiversations du jury qui tente en vain de justifier la mise à l'écart de ce candidat (mettant ainsi en exergue toute l'hypocrisie d'une société obnubilée par l'apparence physique). Cette fois ci, ça n'est plus un défaut en soi qui est souligné mais comment le regard des autres peut avoir une influence sur la perception de soi. Ce dernier épisode invite donc réfléchir à comment la pression sociale peut créer des complexes chez des individus qui ne devraient pas se sentir complexés. Si vous vous sentez complexés, faites comme "il dentone", soyez heureux et ne laissez pas les autres vous dicter vos défauts, vous avez surement beaucoup d'autres qualités sur lesquelles vous concentrer ! :)
Ce film est donc d'un grand divertissement et la bande son participe à la bonne humeur !