Only God Forgives
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le 7 déc. 2018
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Guillaume Nicloux est un cinéaste à part. Qu'on aime ou pas, il y a toujours un excellent travail de mise en scène trompeuse pour en apprécier l'ambiance souvent étrange et la réflexion sous-jacente. On retrouve comme dans Valley of Love ou The End, la perte de repères, le deuil et un environnement inconnu propice à sauver ou à perdre définitivement. Avec pour décor l'Indochine de 1945 en début de conflit et le cheminement d'un soldat à la recherche du meurtrier de son frère, Nicloux traite du difficile travail de deuil et de culpabilité, entre traumatisme et histoire d'amour salvatrice, tout en gardant l'essence du vrai film de guerre. Un clin d'œil au monstre tapi dans l'ombre, d'Apocalypse Now, invisible et élément perturbateur de la santé mentale mais à l'instar de Ni le ciel ni la terre de Cogitore, et son soupçon de surnaturel, une signature particulière, juste au delà du réel.
Dès l'introduction le ton est donné, le cheminement sera intérieur, en porte à faux de l'environnement immédiat. La suite ne fait que confirmer le bourbier tant physique que moral auquel sera confronté Tassen et l'éloigne définitivement d'une réalité déjà pervertie. Rapports hiérarchiques et direction du camp vacillants, villages détruits par les soldats désœuvrés, recrutements aléatoires et communication sanglante de l'ennemi par les corps démembrés qu'ils déposent régulièrement au camp, où viennent se greffer les sorties défouloir, et les déambulations ennuyeuses.
Nicloux réussi son atmosphère sourde et hallucinée, et surprend encore par son rythme décalé et un montage toujours étonnant chez le cinéaste, entre scènes au ralenti et fulgurances violentes. Des décors inquiétants, baignés de brouillard humide et de silence opaque, servis comme toujours par une musique choisie et envoûtante, la quête existentielle suit le rythme lent et contemplatif du métrage, condamnant Tassen à un certain immobilisme, se perdant dans ses rêves de vengeance comme seul exutoire à sa survie.
Mais Nicloux n'évite pas une certaine lourdeur. Les sentiments de Tassen pour Maï, en décalage et au détriment d'une approche plus cinglante des dommages collatéraux, ou des rapports que l'on aurait souhaité plus aboutis avec l'écrivain à la philosophie un tantinet légère, le drame de la solitude par l'homosexualité d'un soldat et la nécessité de se préserver face au groupe, est expédié et bien trop tardif pour en saisir l'utilité, et les préoccupations viriles et obsessionnelles des soldats en réponse à leur jeunesse sacrifiée, dressent un portrait maladroit des ravages du colonialisme plutôt à sens unique et répétitif. A nous d'apprécier alors l'excellent travail de photographie de David Ungaro, et ses instants de grâce. Quant aux acteurs, G.Ulliel se fond totalement dans le personnage, G.Depardieu, égal à lui-même et G.Gouix excellent.
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le 7 avr. 2019
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