Only God Forgives
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Les Confins du Monde commence et se termine par un même plan, dont le sens de défilement inversé pour la scène finale lui donne un effet miroir : Robert lève la tête, prend conscience de son entourage, pour finalement la rebaisser, retourner à l'introspection et au rejet du monde.
Prendre conscience de ce monde, c'est donner l'opportunité à toute sorte de chose de nous atteindre. C'est d'abord l'amour que porte Robert pour cette prostituée, perçu comme une maladie s'infiltrant insidieusement dans son cœur, comme le venin d'un serpent qui vous mord au cou. C'est également la France qui lève la tête pour s'infiltrer en Indochine, pour finalement voir l'un de ses soldats devenir l'un des leur.
Il y a chez les personnages du film une tentative de se mettre à la hauteur des idéaux qu'on leur impose. Les idéaux de la France, tentant de les imposer chez l'autre. Ces idéaux, par leur caractère inatteignable, viennent d'abord se mettre en travers des pulsions des individus. Notamment les pulsions sexuelles, le sexe prenant une part importante dans le film, et le pénis des soldats étant d'une importance capitale pour eux, à l'image de ce soldat infecté à ce niveau.
Comme dit le psychiatre de la fin du film : "Il n'y a rien de pire que de forcer". Forcer les idéaux en réprimant les pulsions amène à l'horreur que l'on voit dans le film. Une horreur graphique, mais également austère, permettant de ne garder qu'un sentiment de dégoût pour cette violence inhumaine.
S'il aurait été plaisant de sombrer dans une mise en scène plus viscérale au fur et à mesure que le désir de vengeance de Robert le coupe de la réalité, l'austérité du film le rend paradoxalement favorable à une immersion du spectateur d'une intensité qui brouille les pistes entre recul et passivité, entre héroïsme et vengeance, entre nation et tyran. Comment peut-il en être autrement de cette destruction de toute échelle de valeurs pour un film qui épouse à ce point l'intimité d'un personnage en perte de repère dans la densité de la jungle ?
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Créée
le 13 déc. 2018
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