Un film épique des années 10 !
Les décors évoquant les Aztèques sont, je trouve, convaincants pour l'époque, et Cecil B. DeMille montre déjà son intérêt pour filmer des scènes apocalyptiques : le final au Temple préfigure celui de Samson et Dalila (l'un de mes péplums préférés).
« Dans la ligne des “films à grand spectacle”, le dernier Geraldine Farrar, The Woman God Forgot, déçoit, ne nous offrant, au temps des Aztèques, qu’un Mexique de pacotille », écrit le réalisateur et critique de cinéma Luc Moullet dans Cecil B. DeMille, Empereur du mauves.
Pourtant, en le regardant, j'ai été agréablement surpris. Oui, c'est kitsch, mais c'est du grand spectacle des années 1910, dans la lignée d'Intolérance (un de mes films préférés), sorti deux ans plus tôt.
Dichotomie Aztèques-Conquistadors mise en scène
- Les Aztèques pratiquent des sacrifices humains, mais le personnage féminin central (la fille de l'empereur Moctezuma) semble être l'une des seules à vouloir la coexistence.
- Les Chrétiens ne sont pas encore les martyrs du Signe de la Croix (1932), bien qu'ils se retrouvent face à la cour fastueuse de l'empereur aztèque. Ce sont avant tout des conquérants, des hommes en quête de richesse.
- Le protestant Cecil B. DeMille ne fait pas ici l'éloge des Conquistadors. Dans Cecil B. DeMille, le gladiateur de Dieu, Jean-Loup Bourget considère ce film comme « une sorte de brouillon » pour Les Croisades (1935).
Et c'est vrai qu'historiquement parlant, les Conquistadors sont les continuateurs des Croisés, tentant d'importer (ou d'imposer ?) la "Civilisation féodale" dans le Nouveau Monde.