J'ai lancé le film sans trop savoir à quoi m'attendre si ce n'est un film noir. Imaginez ma surprise en découvrant un film de cape et d'épée! Et de Mister Lang en plus! Finalement, ça ne change pas grand chose à mon à priori: le film était bon!
Le scénario est intelligemment construit : les auteurs ont privilégié les personnages à l'action. Ainsi il s'agit d'un récit mettant en scène les confrontations des personnages; plus particulièrement celle d'un enfant et d'un homme, vieil ami de sa mère, brigand amoureux des femmes, figure paternelle. C'est d'ailleurs ce duo qui fait tout l'intérêt de ce récit: un enfant qui a grandit vite, trop vite... plus vite que le personnage de Stewart Granger qui en prend de la graine. On peut d'ailleurs aborder le fait que cet homme incarne, si tôt aux yeux de l'enfant, le père parfois impuissant face au monde, mais qui à la fin, tente de lui retrouver ce regard d'enfant en lui mentant sur son état, en lui donnant l'illusion que finalement, rien ne peut l'arrêter. Si action il y a peu, elle reste néanmoins présente et surtout divertissante, permettant ainsi de rythmer le récit. Ce n'est pas pour autant que l'on oublie l'horreur dans laquelle baigne le jeune protagoniste puisqu'il assiste à des combats sans merci, voire des mises à mort brutales.
Côté mise en scène, j'ai trouvé l'auteur moins audacieux, moins génial que par le passé. Certes, la caméra est toujours intelligemment placée; je pense qu'à cette époque, vu qu'un plan couvrait une longue action, le metteur en scène réfléchissait davantage qu'aujourd'hui quant à la pertinence du cadrage (ne parlons pas de la saga Bourne et de sa mise en scène qui ne permet à la caméra que de couvrir le champs le plus lisible possible à cause d'une moyenne de plan de deux secondes). Ce qui manque à la mise en scène, c'est un rythme un rien plus effreiné; tout est tellement lent et mou. On ne s'ennuie pas, attention; les dialogues font mouches, les scènes d'action sont bien faites, le spectateur est scotché à son écran... mais ça aurait pu être un peu plus ... 'peps'. Le signe d'aurevoir du garçon en fin de film en est un cruel exemple: il fait signe trop longtemps, ça paraît un peu maladroit.
Le jeu d'acteur est d'ailleurs assez mauvais de la part du gosse. Enfin, non. Disons que je suis mitigé. Il peut être bon, surtout pour remettre Stewart à sa place. Mais lorsqu'il s'agit de bouger, on dirait un pantin sans vie. C'est limite si on n'entend pas simplement le réalisateur lui dictant les actions sur le moment : "attention, oui c'est ça avance maintenant... lève un bras... et maintenant tu l'agites, oui c'est ça... comme si tu faisais un signe d'au revoir. Souris maintenant c'est ça montre tes dents. c'est bien. Ah non que fais tu continue à agiter le bras, et souris nom d'une pipe!". Les autres acteurs sont bons. Tout est très théâtral, mais ça va bien avec le genre du film. Stewart Granger est impressionnant et doté d'un grand charisme pour interpréter ce bandit à l'autorité certaine (que le garçon remet en cause le premier). Les jeunes demoiselles ont surtout le rôle d'attendrir et d'envoûter; leur jeu fonctionne , mais c'est certaineemn grâce à leurs plastiques et leurs jolis minois qu'elles y parviennent.
L'image est assez belle et jouit de magnifiques contrastes; le film a été tourné en studio, les décors sentent le fauché souvent, mais ça passe grâce à un beau jeu de lumière et un travail de décoration intéressant. J'ai relevé sur une autre critique l'effet clair obscur et je ne peux qu'être d'accord avec cette remarque. Les lieux sont également bien truffés de détails sordides; la crypte est par exemple superbement reconstituée.
Bref, un film intéressant par ses personnages, par leurs confrontations, par les thématiques qui s'en dégagent, mais dont la mise en scène, bien que pensée finement, aurait pu être plus audacieuse, plus aventureuse, plus folle, surtout vis à vis d'un tel sujet (il y a tout de même une quête au trésor!). A voir!