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En 1979, Mario Merola fait feu de tout bois dans le poliziottesco avec pas moins de six films dont quatre sous la direction d’Alfonso Brescia. Comme dans les trois précédents, le duo creuse un filon à lui seul, à savoir celui d’un tableau de la pègre napolitaine. Une pègre à dimension humaine avec une approche documentaire sur la vie des petites gens à Naples. Mario Merola interprète ici un parrain qui règne sur le milieu de la contrebande locale. De la contrebande de cigarettes qui n’intéresse guère le capitaine Ivano Radevic, lequel propose de fermer les yeux sur ce trafic si on l’introduit auprès des trafiquants d’héroïne. La façon dont est amené le récit est franchement particulière. De la révolution qui installe l’ayatollah Khomeyni en Iran, le film passe par plusieurs personnages pour s’achever à Naples et se concentrer sur les différents protagonistes de l’histoire. Très vite, on se rend compte que cette production est sans le sou. Elle s’appuie sur d’innombrables stock-shots pour faire voyager le spectateur de l’Iran aux États-Unis avant de poser ses valises à Naples. L’astuce manque de finesse et on se croirait revenu aux séries des années 60 telles Le Saint ou Destination danger qui faisaient voyager les héros partout dans le monde (mais cela fonctionnait à merveille pour l'époque et c'était d ela télévision). Mais Alfonso Brescia va ici un peu plus loin puisqu’il va jusqu’à recycler une publicité pour mettre en scène la poursuite automobile principale de son film.


Difficile dans ce contexte de se laisser embarquer dans cette intrigue pseudo-internationale même si le réalisateur a cette capacité en quelques images de rendre accessible une vision générale des événements. Ainsi la chute du Shah d’Iran a-t-elle des répercussions pour les miséreux napolitains et, notamment, cette petite fille qui se retrouve, malgré elle, victime d’une overdose d’héroïne au bas de chez elle. Mais les raccourcis du crime organisé sont terriblement caricaturaux et on comprend mal comment le véritable trafiquant d’héroïne du coin interprété par Antonio Sabato peut être aussi stupide pour mettre de l’héroïne dans ses dragées et en donner aux premiers venus. En voulant confronter bon et mauvais mafieux (le trafiquant de cigarettes et le trafiquant d’héroïne), Alfonso Brescia se perd quelque peu dans une démonstration lourdingue et sombre parfois dans le pathos facile (les méchants tuent les petites filles, les gentils font vivre les malheureux sans le sou et les protègent des autres). Dans cette confrontation entre les deux bonnets, la position de la police incarnée par Gianni Garko est difficilement lisible.


Totalement artificiel, le récit s’appuie, au final, sur ses interprètes. En mafieux débonnaire, Mario Merola fait bonne impression même si la présence de son acolyte idiot finit par fatiguer. Antonio Sabato, comme toujours, fait le job. On regrette que le personnage de Gianni Garko soit soudainement relégué au second plan. Il aurait été certainement plus efficace que le scénario joue sur les trois personnages pour gagner en profondeur et en intensité. Il en résulte un film bancal qui utilise trop d’images tirés d’autres productions pour réellement convaincre. La vision de Naples est intéressante mais l’ensemble manque de tenue et les musiques ne sont pas toujours pertinentes. Bref, tout cela sent vraiment le mauvais bricolage et la fin du genre.


3,5/10

Play-It-Again-Seb
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il y a 3 jours

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