Pur polar 70's, The friends of Eddie Coyle est une pépite du genre injustement méconnu. Tiré d'un roman de George V.Higgins, dont A.Dominik a récemment adapté Killing Them Softly, les deux films partagent un même univers, celui d'une Amérique crasseuse où les petits malfrats sont rois.

The Friends of Eddie Coyle est centré sur un criminel cinquantenaire et bien fatigué, l'excellentissime Robert Mitchum, qui essaie tant bien que mal de s'épargner une peine de prison imminente en balançant sur deux trois coups à un contact policier. 
L'intrigue est lente et très portée sur le dialogue et, comme dans Killing Them Softly, l'essence du film tient dans cette enchaînement de séquences où les personnages se rencontrent et s'affrontent à coup de gouaille et de menaces larvées. De leur éloquence et leur cool attitude dépend leur obtention du gateau, leur part du rêve américain.
A part ces séquences dialoguées intenses qui permettent aux acteurs de briller, le très bon Peter Yates (Bullit) sait faire respirer son récit avec des séquences d'actions comprenant assassinat, arrestations de criminels et braquages de banque. Le tout livré sans un bout de gras.
Le premier braquage est un vrai modèle du genre, crédible et prenant son temps, lourd de tensions et bien pensé de A à Z. Sa conclusion a d'ailleurs servi d'inspiration pour The Town (Eddie Coyle est logiquement remercié dans le générique de fin du polar de Ben Affleck).
L'arrestation du revendeur d'armes par les flics est aussi admirable de simplicité et d'efficacité, on n'a pas droit à un tour de force à la French Connection ou Bullit mais juste à la fugace fuite en avant d'un casse cou perdu d'avance. Il n'ira pas bien loin: deux trois bagnoles défoncées et un pare-brise éclaté au shotgun plus tard, il est déjà foutu.

Underworld U.S.A
Car, oui, dans le monde désenchanté d'Eddie, on échappe rarement à la police et encore moins à son destin.
Cela dit, si l'univers du film est sans espoir il est aussi incroyablement cinégénique, multipliant les rendez-vous secrets dans des coins tous plus paumés les uns que les autres, restaurants déserts, bars sous-éclairés, désert industriel, etc. Un micro-univers refermé sur lui-même fascinant et qui n'est pas pour rien dans le charme dégagé par le film.
Mais The Friends Of Eddie Coyle, c'est aussi et surtout une putain de distribution. Robert Mitchum, juste génial dans le rôle de la vieille ganache désespérant de sortir du bourbier qu'est devenu sa vie, plus des seconds rôles peuplés par des inconnus carrément excellents, que ce soit Peter Boyle (collègue de De Niro dans Taxi Driver) campant un barman mafieux loquace et impitoyable, Steven Keats pour le revendeur d'ames coolos et Richard Jordan en tant que flic toujours poli mais jouant impunément avec la vie de ses sources.

Au final, The Friends Of Eddie Coyle est un polar qui fait honneur au genre, solide, minutieux et exigeant, un plaisir assuré de cinéphile. Que du bon.
Dalecooper
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le 20 déc. 2012

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