Bob la balance.

Jamais sorti au cinéma en France (il sortira en vidéo vingt ans après !), ni en dvd, ou blu-ray ; il en faut pour découvrir ce film de Peter Yates, qui bénéficie pourtant d'une grosse réputation, en partie justifiée.
Si l'histoire reste simple, un ancien braqueur qui travaille comme indic pour le FBI pour éviter de retourner en prison, elle est portée par le flegme de Robert Mitchum, lequel a pris du poids pour le rôle, qui incarne cet homme qui semble revenu de tout, blasé de la vie, et dont le seul but est de voir grandir ses enfants. Ses anciens compères font quant à eux des braquages de banque...

Ce qui caractérise le film, c'est avant tout le climat, avec cette image constamment grisonnante, à l'instar de la météo, et d'une sorte de dépression qui court sur tout le film. C'est également très bavard, c'est d'ailleurs la grande qualité du film ; ses dialogues incisifs, où il ne faut pas ch... un gangster, qu'il soit retiré ou non. Ce qui sied particulièrement à Robert Mitchum, que je trouve admirable, mais aussi à un redoutable voleur de scènes nommé Peter Boyle, qu'on reverra dans Taxi Driver, et qui imprime une forte présence.

Je dirais que le film va à contre-courant des polars des années 70, avec la musique de Dave Grusin, mais il y a très peu d'action, et c'est assez lent. On reconnait bien le romancier dont un de ses écrits donnera dans le futur le soporifique Cogan, mais ça marche essentiellement sur de la rhétorique, mais également sur la fin, que je trouve pour le coup assez surprenante mais très ancrée dans son époque, qui laisse pas mal de questions en suspens.

Bien que l'ombre de Bullitt ait envahi la carrière de Peter Yates (Krull, sérieusement ?), on sent qu'avec Les copains d'Eddie Coyle, il a pu faire ce qu'il voulait, appuyé par Robert Mitchum, et ça donne un polar presque anti-polar de qualité.