Il faut savoir être franc et se dire que dans la filmographie d'un artiste qu'on aime, entre autres pour son côté irrévérencieux, il y a parfois des ratés, voire des fautes. Dès les années 1990, on dirait que Bertrand Blier a perdu la vista, allant de plus en plus loin dans ses délires auteuristes, jusqu'à ce point de non-retour qui est Les côtelettes, sifflé lors de sa présentation cannoise, et qui a été un énorme échec.
Au début, ça démarre bien ; un homme se présente dans une famille, et en particulier le père, pour leur annoncer qu'il vient les faire chier. On sent le côté théâtral de la mise en scène, car c'est issu d'une pièce du même nom de Bertrand Blier, avec des dialogues parfois consternants. Comme par exemple qu'une personne est forcément de gauche quand il utilise la brosse au toilettes pour nettoyer les restes d'excréments après avoir fait la grosse commission.
Ça va être comme ça durant tout le film, avec Michel Bouquet, qui joue l'emmerdeur, qui répète à tout va qu'il bande encore, on est heureux de le savoir, ou Philippe Noiret qui éprouve un désir pour sa femme de ménage, jouée par Farida Rahouadj (et épouse du réalisateur). On voit aussi la Mort qui est incarnée par Catherine Hiegel, où quand on dit qu'on emmerde le fait de mourir, on la prend en levrette !
C'est vraiment un film lamentable, qui justifie à tout prix sa volonté de ne pas être une captation par plusieurs scènes d'extérieurs ni faites ni à faire, une lumière très moche, et surtout, un Blier qui radote encore et encore, où il reprendra d'ailleurs un peu ce thème dans Le bruit des glaçons.
Je ne suis pas contre le fait de déconner sur des sujets sensibles, mais autant faut-il le faire avec talent, et là, c'est franchement mauvais. J'ose à peine me dire que ce film a été (co)produit par Luc Besson pour avoir le plaisir d'intégrer un Bertrand Blier dans son catalogue de productions...