Ce sont deux "vieux cons", bourgeois de gauche et de droite, qui ressassent leur condition, s'invectivent puis découvrent qu'ils emploient la même femme de ménage, une jeune maghrébine qu'ils ont pris sous leur protection et dont Bertrand Blier fait l'emblème des gens nés sous une mauvaise étoile, maltraités par la société et par la vie.
Cette relation "contre nature" entre les deux vieux cons et Nacifa n'est pas sans évoquer, parce qu'elle n'est pas "logique", "Trop belle pour toi"; elle semble exprimer le sursaut de conscience de deux types sans doute égoistes, indifférents toute leur vie aux mal-lotis. Le film parle de vieillesse et de mort (Catherine Hiegel, fardée et ridée, la personnalise) dans un mélange de truculence et de nihilisme.
Mais, après une entrée tonitruante, surréaliste et d'un goût douteux, le sujet de Blier se délite, où la portée philosophique très imagée parait vaine, ni intéressante ni très cocasse. Les deux vieux de Blier, auxquels celui-ci se plait (se complait) à prêter des propos salaces ou scatologiques, sont deux personnages dépourvus de sensibilité et de tact, peu attachants en somme. Et dans cette mise en scène, où les décors deviennent ceux que Bouquet et Noiret évoquent dans leurs discussions et "aèrent" le huis-clos théatral, le mélange tragi-grotesque de Blier tourne au verbiage outrancier et sans réelle saveur qui n'a que l'effet de nous rendre nostalgique de "Buffet froid".