Les Cowboys emprunte au western sa musique country folk et le déplacement incessant de ses personnages, à cheval et en voiture, au-delà des frontières et par-delà les cultures, pour interroger les notions de famille et d’emprise au sein de celle-ci, d’amour enfin. La radicalisation de la fille conduit à l’obstination d’un père qui sacrifie sa vie et, sans le vouloir, marche dans les pas de celle qu’il cherche à comprendre : le motif de la quête, de prime abord physique – en ce qu’il se déploie géographiquement sur différents territoires –, devient existentiel et détermine le rapport au monde d’un être égaré, privé des balises posées auparavant. Sa déroute, il la transmet à son fils, malédiction qu’il réussira, lui, à conjurer par une prise de distance idéologique et par des efforts constants d’ouverture d’esprit. Aussi la séquence inaugurale de festival sert-elle de garde-fou à une confrontation directe au réel, une illusion collective et reconduite chaque année qui vole en éclats dès que l’un de ses membres franchit la ligne de démarcation et échappe à la vigilance de son milieu. Sans s’encombrer de dialogues théoriques, engagé dans une mise en scène tâtonnante, mimant le point de vue d’un spectateur étranger, le long métrage sonde l’incommunicabilité et la solitude de l’humain raccordé à sa marginalité intrinsèque ; il représente la famille non comme une entité stable et pré-acquise mais comme une zone de migrations permanentes et de turbulences au sein de laquelle compte et se révèle le lien de soi aux autres et à soi-même. Une réussite portée par ses acteurs talentueux.