Il est environ 22H57 dans la maison de François Damiens. Ce dernier est assis songeur, se prend la tête entre les mains, expire longuement, sort son téléphone et se décide finalement à prendre la décision la plus importante de sa carrière.
François Damiens: Allô? Thomas Bidet?
Thomas Bidegain: Bidegain à vrai dire...
FD: Oh lala, tu vas pas commencer à jouer avec mes couilles, hein? Ça reste un nom de chiottes. Thomas, mon p'tit Toto, cette fois-ci c'est décidé. Vingt ans que je rame dans le métier sans obtenir le moindre César du meilleur acteur, ah je suis écoeuré. Tu m'entends? Écoeuré.
TB: Je comprends, c'est vrai que tu as rarement eu des rôles qui te donnaient cette possibilité. Tu en as eu, il faut l'admettre, mais rarement. Mais qu'est-ce que je peux y faire?
FD: Ben tu devines pas? Héhéhéhé. J'ai vu la daube que t'avais écrite là, "Deux Prophètes".
TB: Il n'y en avait qu'un.
FD: Ben tiens, on a déjà le titre de la suite. Emballé, c'est pesé. La garantie Damiens. Et justement là, t'auras pas un truc qui pourrait faire air du temps où je pourrais me la jouer façon silence, regards lourds, tout le toutim du cinéma Français. Genre DeNiro dans un Audiard. T'as pas ça là, toi?
TB: Ben j'ai bien ma p'tite relecture de "La Prisonnière du désert" qui traine dans le coin. Mais le sujet manque encore de couilles il est encore en développement là tu sais. En plus j'arrive pas à faire démarrer l'action avant la page 4. Trop d'exposition. Je déteste les expositions, ça permet aux spectateurs de se repérer, connaitre l'environnement et avoir une empathie envers les personnages qu'ils suivent. C'est d'un pathétique!
FD: Mais je m'en bats les couilles de ta page 4 mon Toto. J'arrive Lundi en Houite
TB: En huit?
FD: C'est ce que j'ai dit oui, en houite. Donc j'arrive, je t'amène Pathé Distrib', John C. Reilly et on tourne ta merde. Mais j'te préviens, si on se rejoue "La prisonnière du désert" je veux monter à cheval, sinon je me barre et tu te débrouilleras pour trouver une explication à ma disparition.
TB: On verra ce qu'on peut faire, mais... T'amènes vraiment Pathé Distrib'?
FD: Hé mon coillon, en Belgique on parle peut-être de manière ridicule mais jamais à la légère, c'est moi qui te le dit, hein? Au fait, pour le personnage de la fille...
TB: Kelly?
FD: (Nom de salope ça !) Tu seras gentil de minimiser ses apparitions, je veux crever l'écran (Et non pas À l'écran). S'il y a quelqu'un d'autre pour amener du pathos c'est fini.
Je te le dis texto: Moi je veux mon César. J'ai essayé la comédie, ça ne maarch' pas, j'ai essayé la comédie dramatique, ça ne maarch' pas non plus. Alors maintenant je pose mes coillons dans le drame et je ne bouge plus. Tu m'entends? Je ne bouge plus!