C'est dans une situation plutôt fébrile, comme bien d'autres, que je participe à ce cinexpérience là. J'étais venu pour m'y changer les idées, ne plus penser aux événements et je sortais tout juste de la pitié salpêtrière.
La dernière fois, c'était un film sur le djihad, Made In France, bien d'actualité avec les récents événements tragiques. Je me suis dit que les probabilités pour qu'un film du même genre fasse à nouveau partie d'un cinexpérience étaient proches de nul. Loupé. Je n'ai pas eu l'info que le film était sur un fond de "djihad" sinon je ne serais pas venu. Après l'hésitation de partir de la salle, on est là, autant regarder. Tant pis.
C'est donc avec une certaine négativité que j'aborde le film.
Le choix de François Damiens dans un rôle dramatique, peut-être un peu contemplatif est étrange, mais il fait le boulot et s'en sort bien. Pareil pour le jeune qui, je trouve, assure bien.
Quant au film, je n'ai pas réussi à réellement rentrer dedans. J'ai eu la sensation de ne voir que des clichés mis bout à bout.
Le début du film sur fond de festival country laissait présager un petit quelque chose d'un peu décalé, mais il n'en était rien. Il était uniquement là pour amener le choix du titre et faire une métaphore des personnages qui se retrouvent en milieu indigène au fil du temps, dans un monde qu'ils ne connaissent et ne comprennent pas.
Un peu... simpliste ou tiré par les cheveux, son sens ne me plait guère.
Dans ce long métrage, la recherche de Kelly par son père est certes, compréhensible, mais ne laisse que peu de place à l'empathie. Les événements se suivent mais se ressemblent, on passe d'un lieu à l'autre et la recherche continue, pour la fixation du père. Encore une fois, c'est normal puisqu'il s'agit de retrouver sa fille. Mais le déroulement du film ne laisse pas réellement l'empathie s'emparer de nous. Les événements s'enchainent peut-être trop vite.
Les seules choses qui ressortent de cette séparation familiale sont le comportement obsessionnel, la colère et l'incompréhension.
Et un clignement d'yeux, une année passe. Un clignement suivant, la mort du père. Certes, la vie passe à une vitesse folle, mais cela rend le film en même temps saccadé et à la fois trop rapide. Les transitions sont brutales voire inexistantes.
A priori, c'est l'effet recherché. Mais il coupe assurément le ressenti. Ne laisse pas les émotions s'emparer de nous. Cela m'a du coup laissé indifférent plus qu'autre chose.
La césure est arrivée trop vite. La mort du père. La fixation de celui-ci se reporte immédiatement sur le fils. La seule transition dont je me souviens, c'était ce saut dans le temps ou plutôt le saut de génération. Trop brutal encore une fois.
Je me suis mis à questionner ce choix une nouvelle fois. Le comportement obsessionnel du père change juste de personnage, de manière simpliste. C'est un film, mais c'est peu crédible à mon sens.
De mon point de vue, il s'agit d'un seul et même personnage, qui représente peut-être la famille ou plutôt ce qu'il en reste. Il y a aussi une autre séparation vis à vis de la mère à cause des recherches du personnage principal.
Le paysage que l'on voit par contre durant tout le "voyage" ou la vie des personnages est beau, certaines images sont très agréables et c'est ce qui m'a fait rester regarder le film. Elles apportaient une dimension un peu plus spirituelle à la quête "du" personnage, mais c'est le seul point qui m'a fait réagir de manière positive. Avec la différence culturelle des pays qui reste intéressante. Il y a quand même un certains nombre de détails/références qui sont réalistes et peuvent tenter de nous immerger.
Le coup du fils qui tue par légitime défense l'ex mari de sa soeur et qui finit par avoir un enfant avec la femme de celui-ci... O-Kay. Donc en tuant le mari d'une femme, je pourrai me lier d'amitié avec elle après quelques temps et avoir un gosse avec. D'accord. Oui bon, avant ça il faut que je l'achète avec de la joaillerie pour la faire sortir de prison et du couloir de la mort.
Ce que j'ai trouvé, c'est que le film use de codes cinématographiques sans réellement apporter de sens véritablement poignant au niveau du ressenti. Les actions du personnage ne sont pas régies par les émotions mais plutôt par une éternelle obsession dont le sens n'est que peu justifié ou dévoilé. Le protagoniste persévère dans sa quête en restant malgré tout plutôt passif et sans se poser de vraies questions.
Le grand point positif du film est en même temps ce que je n'ai pas aimé. Son découpage. Son rythme particulièrement haché le rend original, mais coupe pour moi les émotions et m'a plus laissé dans l'indifférence.
Il n'en reste que cela représente bien certaines facettes de la vie qui passe en un rien de temps. On peut avoir une obsession toute notre vie et la laisser filer, sans comprendre les décisions ou choix de vie de nos proches, qui sont parfois d'ordre culturel.
Je n'ai peut-être pas compris le film, ce qu'il voulait amener. Je n'étais pas réellement dedans. Mais après tout, c'est une critique personnelle et donc rien d'objectif là dedans. C'est d'ailleurs la seule critique de film que j'ai publié sur le net.