Primo, c’est la première fois qu’un producteur s’est dit que ça serait pas mal d’adapter sur grand écran une série de cartes à collectionner (en l’occurrence ici les Crados, qui avait pollué nos cours de récré dans les années 80/90), dix ans avant Mars Attacks!. Deuxio, mettre autant de thunes dans un tel projet relève quand même de l’audace, presque de l’insolence, surtout lorsqu’on engage une scénariste n’ayant écrit que deux épisodes d’une série oubliée de tous et un réalisateur au palmarès aussi imposant que la carrière ciné de Michael Jordan. Ah si, il a quand même réalisé Seniors avec Dennis Quaid et High School U.S.A avec Michael J. Fox.
Au casting, il y a le légendaire compositeur et parolier Anthony Newley (L’Extravagant Docteur Dolittle, Willy Wonka au Pays Enchanté) et le fils de John Astin, ainsi que des nains pour camper les Garbage Pail Kids, emmitouflés dans des costumes ringards et des grosses têtes en animatroniques rigides et sans expressions. La production n’avait pas le temps de retarder le chef-d’œuvre, du coup l’équipe des effets spéciaux n’a pas pu terminer les têtes à temps. Mais au-delà de la simple idée de faire un film sur les cartes les plus dégueus de tous les temps, quand est-il du scénario ? Des extra-terrestres vivant de saletés en tout genre débarquent sur Terre dans un vaisseau-poubelle, sont emprisonnés en hors-champ dans ce même vaisseau puis malencontreusement libérés et vont aider un gamin à pécho la nana d’un voyou qui lui met constamment la misère. Au gamin, pas à la fille. Quoique.
Du coup, les Garbage Pail Kids vont fabriquer des fringues trop branchés pour le jeune Dodger, quatorze ans (il en parait douze mais il a à peine un an de moins que la fille de ses rêves, avec qui il est sorti pendant le tournage d’ailleurs), qui passe le plus clair de son temps à se faire racketter et plonger dans la boue quand il ne bosse pas pour un antiquaire/magicien. Ce genre de gamin des années 80, débrouillard et tout, qui stalke sa voisine, lui fait du forcing à faire pâlir Marion Séclin et se balade dans les rues chaque nuit que Dieu fait. Donc, les Garbage Pail Kids chantent une chanson et aident le gosse en rotant, pétant, se mouchant n’importe où, en volant plein d’objets, en provoquant des bagarres et en croquant les orteils des gens. L’adaptation est fidèle jusque-là.
Arrivé à la fin du film, on se demande encore de quoi ça parlait vraiment, comment le film a fait pour débouler en salles américaines, comment il a vraiment remboursé de justesse son maigre budget d’1 million de dollars. Trop vulgaire pour les enfants, trop ringard pour les ados, trop débile pour les adultes et trop mal torché pour que n’importe quel cinéphile ne le mate d’une traite, The Garbage Pail Kids Movie est ce qui se fait de pire dans le merveilleux monde du 7e Art. Jamais sorti en France, même en VHS ou à la TV (faut quand même pas déconner). Et dire qu’on a failli avoir un vrai film d’horreur réalisé par John Carl Buechler, le bougre s’étant rattrapé avec le très bon septième épisode de Vendredi 13.