Edgar et Mylène vont s’installer sur l’île de Noirmoutier, car Edgar, écrivain, compte écrire un bouquin. Sur la route ils ont un accident de voiture. Dès lors, Deneuve sera muette et Piccoli balafré en plein milieu du front. Elle restera enfermée à faire la popote et bientôt à attendre un bébé pendant que lui se balade en solitaire en observant la vie des autochtones, de façon à trouver de la matière pour son récit de SF basé sur les étranges habitants de l’île. C’est alors que le film devient cinglé. D’ailleurs, si l’on s’en tient à ce qu’en disait Varda : « C’est un jeu de passe-passe entre les aventures réelles et les aventures écrites ». Piccoli se met à parler aux chevaux et aux lapins. Les habitants ont des comportements soudains très bizarres, causés par de mystérieux cercles métalliques, renforcés par des filtres roses, rouges, violets – il faut signaler que Les créatures est un film en noir et blanc, très loin des couleurs éclatantes de son précédent film, son chef d’œuvre Le bonheur. On comprend que les habitants de l’île sont alors des pions sur un jeu électronique, géré par un voisin démiurge qui manipule chacun en lançant les dés. Une partie d’échecs à laquelle est bientôt convié Edgar – qui s’appelle Edgar Piccoli dans le film. Un peu comme si Varda avait voulu faire du Bergman, mixé Le septième sceau avec À travers le miroir, mais qu’elle avait fumé un peu trop de weed. Il y a des damiers partout dans le décor, sur des objets, sur les personnages. Une heure et demie chelou. Qui ressemble un peu à du Varda quand même (Celle de La pointe courte, notamment) mais qui vire à du sous-Resnais ou à du Jessua avant l’heure et sous LSD. Ça reste une curiosité mais j’y suis globalement hermétique.