Aimant la tournure que prend le studio DreamWorks dernièrement, que ce soit avec Les Bad Guys ou même Les Trolls 3 dernièrement, on redécouvre un studio qui a souvent eu des hauts et des bas, et c'est dans ces périodes qu'il est intéressant de revoir des films du studio qui ne nous ont pas convaincu, ou encore des évidences qu'on a loupé. Les Croods fait parti de ces licence dont je suis totalement passé à côté car n'étant pas intéressé par le cinéma à l'époque, car sorti dans des moments peu propices, car ayant eu peu de retentissement médiatiques ou populaire... et si je n'étais pas tombé sur la récente série Les Croods (pré)histoires de famille (qui est vraiment très sympathique), jamais je n'aurais eu l'envi de voir le premier film tout comme le second, et quel erreur j'aurais fait.
Le film est incroyablement riche et passionnant à analyser car il donne beaucoup à réfléchir. Comme beaucoup de films du studio, Les Croods parle de l'affirmation de soi et de quitter une forme de système cyclique qui pousse à la non-créativité. Parce que la famille vit éternellement dans le noir de leur caverne, il est question de remettre en question une forme d'obscurantisme, mis en scène par un jeu de lumière et de couleur, qui est amené à disparaitre au fur et à mesure que les personnages quittent leurs zone de confort. Le film est une véritable ode à l'inattendu, notamment dans les scènes de chasse ou même de survis en milieu hostile, où le fait de ne pas pouvoir prévoir ce qui peut arriver est montré comme un grand spectacle. Ces scènes mettent en évidence la beauté de ne pas toujours suivre un plan à la lettre, de devoir se laisser aller et, d'un certain côté, pleinement accepter la réalité des choses. Il y a aussi tout un propos sur la force de l'individu face au groupe et la nécessité de cultiver son indépendance, avec le personnage de Eep et de Guy qui représentent tout deux des facettes divers de l'adolescence. Pourtant, malgré ces thématiques multiples, le film ne se perd jamais et va toujours traiter toutes ses thématiques à bras le corps. Une scène qui représente parfaitement cela est un plan où Guy protège Eep d'une armé d'oiseau en groupe dans le noir avec une torche en feu. Guy, seul face au groupe, protège les Croods avec l'instabilité du feu qui éclate l'organisation des oiseaux, et éclaire dans la nuit avec sa lumière. Un très grand pan du film peut se résumé à cette simple scène, nous offrant une des rares photos mémorable du film (on y reviendra plus tard).
Cependant le film ne s'enferme pas dans une lecture "simple" où l'obscurantisme et le groupe est quelque chose de condamnable, bien au contraire. Le film sait cultiver la nuance et se révèle être une œuvre riche et complexe au fur et à mesure que l'on suit ses personnages. Il aurait été facile d'accabler le père d'être quelqu'un de trop possessif et sur-protecteur, mais cela serait tourner le dos à des thématiques que le film prend à niveau égale avec toutes les autres thématiques du récit. On parle de l'inquiétude face à l'avenir, ainsi que la nécessité de toujours cultiver une forme de créativité. A travers des dialogues qui sont parfois un peu lourd, on ressent une volonté de toujours cultiver une peur de l'inconnu, et de toujours se tenir prêt à se défendre face à ce qui pourrait nous tuer. La raison est que la famille Croods est la dernière encore en vie, et qu'il y a un devoir de survie et de préservation d'une humanité. L'humain rêve et raconte des histoires. Ces récits ont peu être perdu de leurs magies au fur et à mesure que la famille s'est enfermé dans sa grotte, mais elle ne peuvent remettre en question les capacités du père de famille à rêver et à vouloir créer. La famille et le groupe peut être un danger, mais elle est aussi une force indispensable. C'est notamment pour cela que Guy cherche involontairement à rester avec eux, car lui même cherche à retrouver une communauté où grandir et s'épanouir. Que ce soit Guy ou le père de famille, chacun apporte sa pierre à l'édifice pour s'en sortir. La place du théâtre et de la mise en scène est extrêmement parlant à ce niveau, où l'une n'arrive pas à pleinement créer un personnage de par son individualisme, et l'autre arrive parfaitement à inventer une mise en scène tout seul car plus sensible aux questions de créations qu'il a eu grâce au contact avec sa tribu. Il n'est alors plus question de dilemme binaire, où tout est noir ou blanc, mais plus une quête de l'accord parfait, entre les besoins du collectifs et la nécessité de cultiver sa personnalité. En dégage un film formidable, captivant, et riche en messages.
Mes seuls retenu vis-à-vis du film reste ses graphismes qui, quoi que correct et vraiment beau sur certains instants, a tendance à mal gérer sa lumière et ses textures. Le film sait créer de très belles photos (je parlais de la scène de la torche avec Guy qui est très belle, mais il y a aussi une scène de dos la main levé face à un mur de poussière qui donne des frissons, on y reviendra tout de suite après), mais quand il s'agit du mouvement et du travail de la lumière (surtout au début du film lors de la rentre entre Guy et Eep), le manque de moyen et/ou le manque de qualité visuel nous fait parfois sortir du film tant certains plans peuvent paraitre faux. Faute d'être réellement moche, le film loupe parfois les moments de briller (littéralement) avec un meilleur travail visuel, que ce soit sur les jeux de lumière ou de texture, comme une scène dans une caverne et une torche, où l'on aurait pu avoir quelque chose de beaucoup plus réussit dans la tension et la peur que peut générer l'instant. Mais plus que des défauts techniques qui viennent sans doute d'une technologie qui a un peu mal vieillit, c'est surtout la construction et l'écriture du film qui manque de moments forts. Je vous parlais plutôt de la capacité du film à créer des images qui marquent, comme la scène de la torche avec Guy, mais c'est malheureusement l'une des seuls scènes vraiment marquante du film. La raison est que le film se veut comme le suivi du quotidien d'une famille amené à déménager, et qu'il n'y a pas une réel trame narrative clair. Cela vient conforter le propos du film sur l'importance de s'attendre à tout mais, surtout vers son milieu, le film manque de directions et de trajectoires clairement identifiable qui permettrait d'inscrire les scènes dans une chronologie d'événement. Un peu à la manière d'un l'Âge de Glace, on voyage sans trop savoir où on va, et même si la montagne est le but ultime à atteindre, on est souvent frustré par un récit qui, de par son manque de direction, a tendance à se reposer sur du situationnel. Certains choix et événements ont l'air de se déclenchant au bon vouloir de la nature ou de la patience des personnages, plus que par un réel cheminement. Les scènes sont cohérentes et marchent tel quel, mais il faut tout de même accepter de passer outre une certaine manière de les amener, surtout lorsqu'on regarde le film la première fois.
Les Croods est surement l'un des meilleurs Dreamworks à ce jour, un des films du studio les plus sous-estimé. C'est un véritable plaisir que de vivre et voyager à leurs côté, car on apprend énormément sur le besoin d'écouter, de rêver, et de se compléter les uns les autres. Peu être que je ne me souviendrais pas de toutes les scènes dans quelques années, mais cela sera un plaisir immense que de les redécouvrir à nouveau. Il me sera difficile d'oublier cette famille, les mains levés vers la lumière, dos à l'obscurité.
17/20
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