Mon vélo, mes chaussures... Ce sera quoi maintenant ?
La grande illusion de Jean Renoir sort en 1937. Après la guerre, les films de camps de prissioniers et d'évasions deviennent un véritable phénomène de mode en France comme à l'étranger. Des films radicalement différents sortent, donnant tous leur vision de la guerre ou de la perte de liberté. Je pense par exemple au très bon film du brillant Henri Verneuil, La vache et le prisonnier.
Les culottes rouges c'est justement ce thème. La raison du titre est expliquée durant la brève introduction du film. Les prisonniers qui tentaient de s'évader après de nombreuses tentatives se devaient de porter un pantalon rouge (que vous ne distinguerez pas en regardant, il est en noir et blanc) afin d'être directement identifiable lors de l'appel et également en cas de réussite d'évasion au sein du camp.
Si on y trouve de nombreux seconds rôles français qui vous feront peut-être plaisir à revoir, on distingue deux personnages principaux que sont Bourvil et Laurent Terzieff. Le second est une culotte rouge qui n'est pas vraiment apprécié par ses pairs, esprit rebelle et égoïste se croyant au-dessus de tout le monde. Bourvil lui c'est le gentil souffrant de solitude mais cherchant à être bien vu de tout le monde, comme des Allemands (sans pour autant faire de délation) du coup il a plus que ce dont il a besoin et profite de confort autrement plus grand que celui de ses compères. Les deux personnages très différents finissent par se retrouver au cours d'une tentative d'évasion de la culotte rouge. Bourvil joue au fond un personnage qui lui est habituel, le petit père qui ronchonne dans son coin et espère que tout va se régler pour lui en priant Dieu comme un enfant martyrisé que ses personnages semblaient être.
Quatre ans avant la Grande Vadrouille et son "Mon vélo, mes chaussures... Ce sera quoi maintenant ?" ici c'était déjà sa nourriture, ses lunettes et son pantalon.
Au final ce que j'aime avec ce film c'est qu'on a un mal de chien à s'attacher à un personnage en particulier au début, tant aucun ne semble bon, meilleur que l'autre. On finit par avoir de l'empathie pour eux simplement parce que justement ils ne sont pas parfaits et donc humains, ou au moins vraisemblables.