Roberto Minervini marche sur un terrain miné en réalisant un film de guerre pour lequel il refuse d’écrire un vrai scénario, de développer une narration digne de ce nom, de construire des personnages, se limitant plutôt à la perception tout en développant une sommaire et anachronique réflexion morale sur la guerre.
Difficile de ne pas associer le travail de Minervini à celui de Terrence Malick, en raison de leur minimalisme narratif, de l’élan lyrique et surtout de l’esthétique portée sur l’image et le sensible. Or, Minervini ne parvient jamais à illuminer son film de la grâce de sa référence, de même que la scène de combat, pourtant assez captivante, n’égale en aucun cas celle de Full Metal Jacket à laquelle elle fait inévitablement penser. On ignore tout ou presque des personnages, auxquels on ne s’attache jamais, qu’on ne déteste pas non plus, mais qui ne créent que de l’indifférence – même la scène des pleurs nous laisse impassible. La volonté de remettre en question l’absurdité de la guerre, le rôle des armes, la tentation du manichéisme, qui plus est dans un pays comme les États-Unis, est certes honorable, toutefois elle échoue à prendre une ampleur qui nous touche.
Minervini mise sur les grands espaces, le silence, le sentir mais l’absence totale de lyrisme et d’émotion déshumanise le film, le rendant insipide.