Au début du film, Rochefort semble endormie, ses jeunes filles en fleurs attendant le moment où elles pourront sortir de leur cocon et s'envoler pour Paris, la capitale de tous les possibles. C'est l'arrivée de forains et d'artistes pour un week-end qui réveillera la ville de sa torpeur et la plongera dans la valse des sentiments.
En cela, les saltimbanques chez Jacques Demy sont semblables à ceux du Septième Sceau de Ingmar Bergman. Ce sont eux qui possèdent le souffle vital de la vie et le transmettent à ceux qui les entourent. On pourrait également les comparer aux êtres magiques peuplant la pièce de Shakespeare, Songe d'une nuit d'été, ceux-ci charmant les humains par des facéties et autres tours.
Les forains servent donc d'électrochoc pour mettre en branle le petit monde de Demy qu'on commence à bien connaître grâce à ses précédents films (Lola, Parapluies de Cherbourg). On y retrouve des petites boutiques et cafés populaires où des jeunes (et moins jeunes) couples se font, se défont ou se refont. Comme d'habitude, c'est le temps qui dicte les amours, décidant à quel moment les amoureux doivent se rencontrer ou non.
Tout cela est filmé comme une grande comédie musicale hollywoodienne, le réalisateur allant même jusqu'à convier les star américaines Gene Kelly et George Chakiris aux côtés de ses acteurs fétiches Catherine Deneuve et Jacques Perrin. Les numéros de danse et de chant sont maîtrisés à la perfection et permettent d'appuyer les sentiments des personnages.
Les Demoiselles de Rochefort se révèle ainsi comme l'un des joyaux de la filmographie de Jacques Demy. Un véritable musical à la française.